Pour la 10e année consécutive, l’AED a organisé du 12 au 19 mars 2018, « La Nuit des Témoins », une soirée dédiée à ceux qui souffrent de persécution à cause de leur foi. Trois invités exceptionnels ont témoigné de la situation des chrétiens au Mexique, en Égypte et en Algérie.

Depuis 10 ans, La Nuit des Témoins a rassemblé plus de 25 000 participants, dans 29 villes, autour de 31 grands Témoins venus du monde entier. Cette année, pour la 10e édition, La Nuit des Témoins s’est invitée hors de France jusqu’au Luxembourg et Rome, après Montpellier, Rouen, La Roche-sur-Yon et Paris. Trois invités exceptionnels ont témoigné de l’Église au Mexique, en Égypte et en Algérie. Leur point commun ? Le courage. Le courage de dire la Vérité, le courage de rester dans leur pays malgré le danger, le courage de la conversion au Christ.

Le courage de dire la Vérité

« Je suis la cible de diffamation ; celui qui a le courage de parler est persécuté », confie Mgr Ramon Castro Castro, évêque de Cuernavaca au Mexique. Dans ce pays à large majorité catholique, voici des propos qui étonnent. Et pourtant, depuis 1990, pas moins de 55 prêtres et religieuses ont été assassinés au Mexique. Leur « faute » ? Avoir dénoncé la corruption étatique et soutenu les victimes des cartels de drogue qui gangrènent le pays et en font l’un des plus dangereux au monde. « L’année 2017 a été la plus violente des 20 dernières années. Une moyenne de 21 personnes tuées pour cent mille habitants » alerte l’évêque, et « 80% des crimes ne sont jamais déclarés aux autorités ». En cause: la méfiance envers la police elle-même et la corruption dans les cours de justice : « les juges et la police sont parmi les plus corrompus ». »

Au vu de cette violence, Mgr Castro met en place un ministère de la consolation à travers 6 centres de soutien : « par l’écoute, nous essayons d’offrir des ressources psychologiques et spirituelles pour surmonter les traumatismes causés par tant de violence et d’injustice.» Difficile de redonner de l’espoir à cette famille qui a eu son fils assassiné par les cartels de drogue parce qu’il avait refusé de commettre un meurtre pour eux. Ou à ceux, nombreux, qui sont menacés par des membres de crimes organisés : « je connais vos familles, si vous refusez de me donner ce qui m’est dû chaque mois, ils payeront les conséquences ».

L’évêque pourrait donner beaucoup d’autres exemples d’histoires douloureuses : traite d’êtres humains, marché noir d’organes, charniers clandestins et des cas d’incroyables impunités… Autant de cas que Mgr Castro dénonce avec courage, critiquant la corruption de l’État, chiffres et enquêtes en main : « Nous sommes très peu à avoir ouvertement osé dire la vérité et pour cela nous sommes calomniés ».

Pour soutenir les victimes et lutter contre la culture de la violence, Mgr Castro a mis en place des « Marches pour la Paix » rassemblant des milliers de citoyens. Mais là encore,  ces marches « ne sont pas du goût de nos autorités » et vaudront à l’évêque d’être « personnellement diffamé par le gouvernement ».

Cependant malgré les menaces verbales et physiques (un pneu de sa voiture a été endommagé dans le but de lui créer un accident), l’évêque continue d’être la voix des sans-voix, avec courage et détermination car, conclut-il, «  tout ce que vous avez fait pour l’un d’eux, vous l’avez fait pour moi ».

Le courage de rester

« Malgré tout ce que nous subissons de haine, de discrimination, de marginalisation et de persécution de la part des extrémistes, nous n’avons pas peur du terrorisme physique et idéologique », annonce Mgr Kyrillos William Samaan, évêque d’Assiout en Égypte. « Pas peur ». Et pourtant, ces dernières années marque un regain de violence envers les chrétiens d’Egypte, frappés par de multiples attentats entre 2011 et aujourd’hui. « Leur engagement contre Morsi leur a valu les foudres des Frères musulmans en 2013 et, maintenant, les bonnes relations qu’ils entretiennent avec le gouvernement sont sans doute l’une des raisons qui poussent les islamistes à s’en prendre précisément aux chrétiens », explique l’évêque.

Cependant depuis toujours, les persécutions ponctuent l’histoire copte, à tel point que cette communauté de 18 millions de fidèles, l’une des plus nombreuses d’Orient, est également appelée « Église des martyrs ».

L’évêque revient sur l’attaque perpétrée le 26 mai 2017 contre un bus transportant des chrétiens coptes d’Égypte en pèlerinage : « de nouvelles informations montrent que les 29 personnes tuées l’ont été uniquement parce qu’elles étaient chrétiennes et refusaient de renier leur foi », explique-t-il. « Les dix militants de l’État islamique armés et masqués ne se sont pas contentés d’ouvrir le feu sur le bus rempli de pèlerins chrétiens en route vers le monastère de Saint Samuel, mais les ont contraints à descendre du bus », précise-t-il. « Une fois descendus, les extrémistes leur ont demandé s’ils étaient chrétiens, les ont exhortés à renoncer à leur foi chrétienne et à professer la foi en l’islam. Un à un. Mais tous ont refusé. Parmi eux, il y avait de petits enfants qui courageusement ont refusé de renier le Christ. » Les pèlerins ont tous été tués pour avoir été fidèles au Christ.

« Derrière ces attentats, reprend Mgr Kyrillos, se trouve la volonté des islamistes de ‘nettoyer’ le Proche-Orient de ses chrétiens en les poussant au départ ». Cependant, ajoute-t-il, « nous sommes convaincus que nous avons une mission à accomplir dans notre pays et précisément être des pionniers de paix qui sèment l’amour envers tous, en commençant par ceux qui nous combattent ». Au fond, poursuit l’évêque d’Assiout, « les discriminations et persécutions que nous subissons, nous les considérons comme un privilège et une grâce qui nous tiennent fermes dans notre foi ». Et de conclure : « Nous sommes appelés à être témoins d’un Évangile vécu parmi nos compatriotes, à être la lumière du monde, le sel de la terre et le levain dans la pâte. »

Le courage de la conversion

« Dès qu’il a commencé à parler de Jésus mort et ressuscité pour nos péché, j’ai ressenti une grande chaleur m’envahir et j’ai entendu la voie de Jésus me dire tout l’amour qu’il a pour moi. » Né en Kabylie près de Tizi Ouzou en 1974, Ali Cheknoun, algérien, vibre quand il témoigne de sa conversion. Musulman de naissance, il est choqué dans les années 90, par la violence du terrorisme islamiste, et prend ses distances avec la religion.

Ce 1er mai 1999 marque un basculement dans sa vie lorsque, invité par son cousin, il rentre dans une église évangélique clandestine au cœur d’un village kabyle et sent le Christ lui parler. « Je me suis senti aimé comme jamais. Pendant dix minutes, j’ai pleuré de bonheur », se souvient-il. Converti, Ali est baptisé chez les évangéliques en Kabylie avant de devenir catholique en 2005, après sa rencontre avec un prêtre missionnaire.

Son père accepte sa conversion, ainsi que ses 6 autres frères et sœurs. « Une exception », affirme-t-il. « Cette tolérance est une grâce du Seigneur. Je connais des convertis en Algérie qui ont été chassés de leur maison. » Cependant, des islamistes le menacent de mort, ainsi que sa famille parce qu’elle a accepté sa conversion au christianisme, à tel point qu’il décide de quitter l’Algérie pour la Belgique en 2006. Ali s’installe alors dans la communauté des Béatitudes où il reçoit le prénom Paul-Élie.

En 2010, il intègre sa nouvelle communauté, La Fraternité Missionnaire Jean-Paul II (FMJP2), dont la vocation est l’évangélisation, spécialement des jeunes et des musulmans, et il rentre au séminaire de La Castille, dans le Var. Son père viendra d’Algérie pour lui remettre solennellement ses habits sacerdotaux lors de son ordination le 26 juin 2016 à Fréjus. « L’amour de Jésus-Christ touche toute ma famille », s’extasie-t-il. A la demande de l’évêque d’Alger, le jeune prêtre se rend aussi tous les deux mois sur trois en Algérie. « Depuis ce jour béni de ma conversion, ma vie a été complétement transformée. Je ne vis plus pour moi-même mais pour faire la volonté de Dieu, l’aimer, en aimant mes prochains car Il se rend présent en eux. Comme Jésus a donné sa vie pour moi, c’est à moi maintenant de Lui consacrer ma vie.»

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