Le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoun, a récemment dénoncé les la souffrance des minorités oubliées dans son pays. En particulier celle des Kachin, une ethnie chrétienne du nord-est du pays.

« Ceux qui ont du sang sur les mains doivent rendre des comptes », dénonçait lundi 10 septembre Diana Sayed. La porte-parole d’Amnesty International, lors de la 39e session du Conseil des droits de l’homme, faisait référence aux violences perpétrées par les forces de sécurité du Myanmar contre les villageois Rohingyas. Cette population continue à fuir en masse le pays, sous la pression des militaires.

Des « blessures terribles pour la conscience » du pays

Quelques jours plus tôt, à l’occasion du 3e Forum pour la paix, organisé le 1er septembre 2018 à l’Université catholique de Séoul, le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoun, s’est alarmé lui aussi des violences commises par l’armée birmane contre les minorités religieuses.

Il a dénoncé la souffrance des Rohingyas (« une blessure terrible pour la conscience de mon pays ») et celle des minorités oubliées. Il a rappelé les offensives militaires d’avril dernier dans l’État Kachin, où la majorité de la population est chrétienne. Ces offensives ont entrainé la fuite de plus de 7000 personnes. « Des villages ont été bombardés ou incendiés, des femmes violées, des églises détruites, des villageois transformés en boucliers humains », a ainsi affirmé le cardinal Bo.

100000 déplacés dans le seul Etat Kachin

Dans le seul Etat Kachin, 100 000 personnes vivent actuellement dans des camps de déplacés, sans perspective d’avenir. « Une génération perdue », pour Naw Ja Gawlu, professeur, Kachin de 30 ans (1). L’instabilité demeure en Birmanie, des combats éclatent sporadiquement et, à chaque fois, de nouveaux villageois sont déplacés : « Ce sont de pauvres gens qui perdent tout. » Il dénonce les carences des autorités militaires, mais salue en revanche l’engagement de l’Église catholique qui vient en aide aux habitants, quelle que soit leur religion. « Elle est vraiment comme ‘un hôpital de campagne’, pour reprendre l’expression du pape François » conclut-il.

L’arrivée au pouvoir d’Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991, avait provoqué une vague d’espoir parmi les minorités ethniques et religieuses. Mais dans ce pays où les chrétiens représentent 7,9% de la population, les autorités militaires ont conservé leur influence.

 

(1) La liberté s’apprend, un destin birman, Naw Ja Gawluet, Fanny Cheyrou (éditions Bayard, septembre 2018)

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