Le projet de barrage géant de Myitsone, suspendu depuis sept ans, est de nouveau d’actualité. De quoi inquiéter les populations birmanes, et en particulier les ethnies Kachin, dont le territoire est directement menacé. Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a résolument pris leur défense.

Le projet sino-birman du barrage géant de Myitsone devait être mené par la China Power Investment Corporation. L’édifice, prévu pour être construit au nord du pays, devait théoriquement produire jusqu’à 6000 mégawatts, une ressource électrique précieuse dans un pays en pleine reconstruction, mais le projet a été suspendu, depuis sept ans, en raison de la forte opposition de la population birmane.

La Chine à la manœuvre

Ce projet comporte en effet plusieurs inconvénients. Sur un plan environnemental, le réservoir du barrage couvrirait 766 km2, engloutissant 47 villages, faisant ainsi plus de 10 000 déplacés. La retenue d’eau modifiera les caractéristiques hydrologiques du fleuve, empêchant les riches alluvions himalayennes d’atteindre les régions de plaines en aval, qui leur doivent une grande partie de leur productivité agricole. Et, en outre, la majorité de l’énergie produite est destinée à la Chine. Devant les fortes réticences que rencontrait ce projet, le président Thein Sein avait annoncé la suspension de la construction du barrage le 30 septembre 2011.

La Chine, qui a déjà investi des sommes colossales dans ce projet, a fait savoir en janvier 2019, par l’intermédiaire de son ambassadeur au Myanmar qu’elle souhaitait reprendre le chantier. Une annonce prise très au sérieux par le gouvernement birman, qui a un besoin vital des investissements chinois, son premier partenaire économique. Dans un communiqué paru le 30 janvier dernier, le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoun, a résolument pris position pour les pays birmans.

De la cupidité « d’une superpuissance »

« Nous pourrions perdre notre mère l’Irrawady, à cause du barrage de Myitstone, à cause de la cupidité d’une superpuissance », dénonce en effet le cardinal Bo […] Celui-ci poursuit : « L’Irrawaddy n’est pas qu’une rivière commode. Elle traverse la nation, témoigne de nos joies, de nos peines. » Une « mère sacrée » qui n’est pas à vendre, assure le cardinal, qui compare la situation de ce fleuve national à de la traite d’êtres humains – un drame qui sévit dans son pays, là encore sous l’impulsion de puissances étrangères.

Ce barrage est un cauchemar, dénonce le prélat, un désastre environnemental et une cause de conflits. « Ceux qui soutiennent le retour du barrage de Myitstone sont comme des enfants qui vendraient leurs parents. L’Histoire ne leur pardonnera jamais d’avoir vendu notre mère l’Irrawaddy », conclut-il.

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