
La semaine dernière, un prêtre a été assassiné et trois religieux ont été kidnappés au Cameroun anglophone. Une région où, depuis deux ans, des affrontements violents opposent le gouvernement central aux partisans de l’Ambazonie. Et qui n’épargnent pas l’Eglise.
Un prêtre assassiné par les forces de sécurité
Mercredi 21 novembre, le père Cosme Ombato Ondari, un missionnaire kényan de 33 ans, a été tué par balles dans le village de Kembong. « Il a été tué par les forces de sécurité dans une opération menée contre les miliciens des groupes séparatistes » a dénoncé Mgr Andrew Nkea, évêque de Mamfe. Celui-ci a affirmé avoir « personnellement compté vingt-deux impacts de balles sur les murs de l’église » devant laquelle le prêtre a été abattu.
Si l’évêque appelle les paroissiens à rester calmes et unis dans la prière, il fait aussi savoir qu’il « espère que ces massacres vont cesser dans le diocèse et dans les régions anglophones du Cameroun […]. Cela doit cesser et nous appelons les personnes impliquées dans le meurtre de civils innocents doivent mettre un terme à ces actes inhumains et monstrueux. » Pour des raisons de sécurité, l’évêque a fermé quinze paroisses.
Trois religieux kidnappés par des partisans de l’Ambazonie ?
Deux jours plus tard, vendredi 23 novembre, trois religieux clarétains – deux prêtres, les pères Jude Thaddeus Langeh Basebang et Placide Muntong, et un séminariste – ont été enlevés dans une région anglophone du sud-ouest du pays. Mardi 27 novembre, le père Joseba Kamiruaga, secrétaire général des Clarétains, a déclaré à Fides que les religieux kidnappés étaient en vie. Ceux-ci seraient vraisemblablement entre les mains d’Amba-Boys, des combattants armés partisans de la République autoproclamée d’Ambazonie (ou République fédérale du Sud Cameroun).
Depuis 2016, les troubles se sont aggravées au Cameroun, lorsque la communauté anglophone a commencé à exiger un retour au système fédéral. Des affrontements violents ont éclaté entre les autorités centrales et les partisans de la République autoproclamée d’Ambazonie. L’armée n’a pas hésité à faire usage de la force : plus de 500 personnes sont mortes, 200 000 ont dû fuir.
Mgr Michael Bibi, évêque auxiliaire de Bamenda, en zone anglophone du nord-ouest du Cameroun, très touchée par ce conflit, a accepté de répondre aux questions de l’AED. Son interview, publiée en deux parties, est disponible ici et là.
(Légende image : Le père Jude Thaddeus Langeh Basebang, religieux clarétain, a été enlevé vendredi dernier. Crédit : Claret Media Cameroon Biblical Pastoral Ministry)