« Ici en Irak, si l’Église ne fait pas ces choses-là, qui les fera ? Nous avons les compétences, les capacités de dialogue et de contact. »

Père Georges Jahola


Le rôle du père George a été fondamental dans la reconstruction des villages de la plaine de Ninive. Il faut du calme, réfléchir à long terme, décider des emplacements, aider et encourager les personnes fatiguées, de même que réagir rapidement à l’inattendu… il faut des tas de choses pour toutes les familles chrétiennes irakiennes qui veulent retourner sur leurs terres d’origine détruites par l’État Islamique.

Ce prêtre agit habilement dans sa région du nord de l’Irak à la frontière avec le Kurdistan : il a fait le maçon, l’architecte, le plombier et l’électricien…

Plaine de Ninive : quand les prêtres se font ingénieurs

Juin 2017 – Don Georges Jahola (Église syro-catholique) et Don Salar Boudagh (Église chaldéenne) sont responsables de la reconstruction de plusieurs villages chrétiens de la plaine de Ninive.

Il arrive que les prêtres doivent parfois s’improviser dans d’autres rôles : éducateurs, parents, conseillers, enseignants, même entraîneurs. En Irak – où l’État Islamique autoproclamé a endommagé ou détruit près de 13000 maisons de familles chrétiennes sur la plaine de Ninive – ils sont obligés d’endosser le costume d’ingénieur et de géomètre s’ils veulent voir un jour leurs fidèles revenir dans leurs villages d’origine.

Les plans d’architecte prennent ainsi souvent la place de la soutane, et les prêtres, après avoir célébré la messe, prennent le téléphone pour commander des fournitures électriques, cadres de fenêtres, sanitaires et autres matériaux de construction. « Ici en Irak, si l’Église ne fait pas ces choses-là, qui les fera ? Nous avons les compétences, les capacités de dialogue et de contact », dit Don Georges Jahola, prêtre syro-catholique originaire de Baghdeda (Karakosh) et membre de la Commission de Reconstruction de Ninive (NRC), une commission voulue par l’AED, et dont la mission est de planifier la reconstruction des milliers de maisons de chrétiens détruites par l’État islamique.

À Baghdeda, les maisons des chrétiens syro-catholiques qu’il faut reconstruire sont 6327 (dont 108 complètement détruites) ; celles des chrétiens syro-orthodoxes sont 400 (seulement 7 totalement détruites). Mais l’enthousiasme et les compétences ne manquent pas. « Après la libération, du 11 novembre au 3 décembre 2016, explique Don Jahola, nous avons photographié 6000 maisons à Baghdeda, en l’espace de 15 jours ouvrables. Nous les avons divisées par secteurs et cartographiées, établissant le degré de détérioration de chacune. Il y a des maisons très endommagées ou détruites qui seront complètement refaites, des maisons incendiées ou touchées par un missile, qu’il est possible de restaurer ; enfin, il y a des maisons partiellement endommagées qui peuvent être réparées par des interventions minimes. Nous avons commencé avec une équipe de 20 ingénieurs bénévoles. Maintenant, j’en ai 40 à disposition, et les ouvriers prêts à commencer à travailler sont environ 2000. Nous sommes optimistes : le rattachement au réseau d’électricité s’étend lentement à toute la ville. »

Les premières interventions se concentrent dans les villages où l’État islamique a séjourné pendant de courtes périodes sans causer trop de dégâts. « Nous avons commencé à reconstruire Telleskof et Bakofa parce que les dommages subis par les maisons n’y étaient pas trop graves, contrairement à Badnaya où 80 pourcents des maisons sont détruites », explique Don Salar Boudagh, 35 ans, vicaire général du diocèse chaldéen d’Alqosh, membre du CRN et responsable de la reconstruction de la plaine de Ninive, qui comprend cinq villages de chrétiens chaldéens: Telleskof , Bakofa, Badnaya, Telkef de la partie orientale, et Karamless qui se trouve dans la partie occidentale de la plaine de Ninive.

« Avant l’arrivée de l’État Islamique, ajoute Don Salar, 1450 familles vivaient à Telleskof, 110 à Bakofa, 950 à Badnaya, 700 à Telkef et 875 à Karamless. Pour ces familles, la première condition pour regagner leurs villages est la sécurité. Notre région, la partie orientale de la plaine de Ninive, est contrôlée par une force de sécurité chrétienne, Zeravani, qui nous garantit une sécurité à 100 %. Il s’agit d’une milice officielle qui reçoit un salaire du Kurdistan. »

La deuxième condition est de disposer de fonds. Les quelque 13000 maisons qui ont besoin d’être reconstruites après le passage de l’État islamique ont été réparties selon un « coefficient de détérioration ». « Il faut 7000 dollars, explique Don Salar en lisant les données de son téléphone portable, pour restaurer une maison légèrement endommagée. Il faut 25000 dollars pour une maison incendiée. Pour refaire une maison totalement détruite, il faut 65000 dollars. Je prie Dieu que les bienfaiteurs de l’AED qui nous ont beaucoup aidés jusqu’à présent continuent de nous aider par tous les moyens, pour restaurer nos maisons et nos villages, pour que les familles puissent retourner chez elles, et pour rétablir le christianisme dans la terre des prophètes. »

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