L’église du Sacré-Cœur de Jésus a été inaugurée samedi 26 janvier 2019 à Sandino, une petite ville de la province occidentale de Pinar del Rio. On n’avait pas vu un tel évènement à Cuba depuis la révolution castriste.

Samedi 26 janvier, nombreux étaient ceux qui pleuraient – de joie – dans la petite ville de Sandino, confie sœur María Guadalupe Mendoza à l’agence Fides. Et pour cause : l’église du Sacré-Coeur de Jésus est la première église à ouvrir à Cuba depuis le début du régime castriste, en 1959. « La voir terminée, c’est comme passer de la nuit au jour », a déclaré le père Cirilo Castro, le prêtre cubain qui a supervisé les travaux. Dans l’archidiocèse de la Havane et dans celui de Santiago de Cuba, deux autres églises sont en cours de construction.

Un Etat officiellement athée depuis 1959

Après la révolution de 1959, Cuba est devenu un État officiellement athée, traitant avec une très grande défiance les religions, et notamment le catholicisme, dont se réclamait alors 70% de la population. Durant les trois années qui succédèrent à la révolution, le régime a expulsé ou incarcéré des centaines de prêtres et de religieux, a nationalisé les biens du clergé et des communautés religieuses, et a lancé une campagne de dénigrement à l’encontre de l’Eglise, l’accusant de travailler pour la CIA et de préparer une « contre-révolution ».

Les relations entre l’Eglise et l’Etat cubain se sont considérablement détendues à partir des années 80. La visite du pape Jean-Paul II à Cuba a témoigné de relations plus apaisées – ce que les visites de Benoît XVI, en 2012, et de François, en 2014, ont confirmé. A cette occasion, le président cubain Raul Castro avait d’ailleurs « remercié [le pape François] pour sa médiation entre Cuba et les Etats-Unis », qui avait abouti au rétablissement des relations diplomatiques entre ces deux pays. Peu de temps après, les travaux de construction de l’église de Sandino commençaient.

Un long chemin vers la liberté religieuse

Toutefois, Rolando Montes de Oca, prêtre de l’archidiocèse cubain de Camagüey avertit l’AED « qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant de parvenir à une véritable liberté religieuse ». « En dépit d’une éducation laïque, la philosophie qui sous-tend la façon d’analyser l’histoire et la réalité est toujours de type athée et matérialiste », explique-t-il.

Alors qu’un référendum constitutionnel aura lieu le 24 février prochain, les évêques ont appelé, le 24 octobre dernier, à ce que la Constitution garantisse effectivement la liberté religieuse et « la reconnaissance juridique de l’Église, de l’identité et de la mission qui lui sont propres, ce qui implique la possibilité de faire connaître son enseignement moral en accord avec l’Évangile, d’accéder de façon systématique aux médias, la liberté d’enseignement et d’évangélisation, la construction d’édifices et l’acquisition de biens adaptés à son activité, la liberté de s’associer à des fins qui ne soient pas purement religieuses mais aussi éducatives, culturelles, de santé ou caritatives ». Plus récemment, le 2 février, les évêques ont rappelé que la Constitution devait avoir une « juste compréhension de ce qu’est un Etat laïc ».

Les chrétiens représentent 61% des Cubains, 16,9% d’entre eux se déclarent agnostiques et 4,3% se considèrent athées.

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