21 établissements de santé gérés par l’Eglise catholique ont été fermés de force par le régime érythréen, mettant ainsi en danger des milliers de malades.

Des milliers de malades à travers toute l’Érythrée sont privés de soins médicaux vitaux, après la saisie de trois hôpitaux, deux centres de santé et 16 cliniques par le gouvernement.

Les soldats du gouvernement ont forcé les patients à quitter leurs lits et procédé à la confiscation de 21 établissements de santé gérés par l’Église catholique ; ceux-ci prennent en charge au moins 170.000 personnes chaque année.

Danger de mort pour plusieurs patients

Des sources proches de l’Église catholique ont déclaré à l’AED que, à moins que les services ne reprennent rapidement, des gens pourraient mourir, – sachant qu’il leur faut parfois parcourir jusqu’à 25 km pour accéder à une clinique. Alors que la dernière des confiscations a eu lieu mardi 18 juin, les quatre évêques érythréens ont condamné cette opération dans une lettre adressée au Ministre érythréen de la Santé, Amna Nurhusein.

Les évêques indiquent notamment qu’ils refusent de coopérer au programme de confiscation, qui a fermé en une seule fois tous les locaux de l’Église catholique accomplissant des services de santé, dont certains fonctionnent depuis plus de 70 ans. Dénonçant une décision « profondément injuste », ils ajoutent que « priver l’Église de ces institutions sape son existence même, et expose ses employés, religieuses et religieux ainsi que laïcs, à la persécution. » Et de poursuivre : « nous déclarons que nous ne remettrons pas nos institutions de notre plein gré, et que nous ne livrerons aucun équipement ».

Les soldats ont forcé la porte des hôpitaux

« Le personnel de certaines des cliniques a refusé de donner les clés, si bien que les soldats y sont rentrés par effraction », a confié à l’AED une source, sous couvert d’anonymat. Et d’ajouter : « Notre message au gouvernement est simple : laissez-nous tranquilles. Il est du devoir de l’Église de prendre soin des malades, des pauvres et des mourants – personne, pas même le gouvernement, ne peut dire à l’Église de ne pas faire son travail. Nos installations médicales respectaient fidèlement les directives du Ministère de la santé et, la plupart du temps, les superviseurs du Ministère les appréciaient beaucoup ».

Selon cette source, le gouvernement voudrait être le seul à procurer de soins médicaux, malgré un manque de personnel et un équipement souvent médiocre, si bien que la plupart des gens préférent éviter ces établissements, au profit des établissements gérés par l’Eglise catholique. En outre, « en fournissant ces services, l’Église n’est pas en concurrence avec le gouvernement, mais complète tout simplement le travail du gouvernement », constate notre contact.

A ce jour, il n’apparaît pas clairement si le régime a l’intention de rouvrir plus tard – les établissements de santé catholiques saisis par le régime il y a deux ans étant restés fermés.

Application d’une loi datant de 1995

Depuis une loi édictée 1995, toutes les structures sociales érythréennes sont supposées être placées sous l’administration de l’État. Elle ne fut jamais appliquée avant 2017, date à laquelle les premières cliniques catholiques ont dût fermer. La vague de répression qui vient de s’abattre sur les institutions n’épargne pas les chrétiens orthodoxes : cinq moines orthodoxes ont été embarqués de force et enfermés. Ils n’avaient pas prêté allégeance au patriarche appointé par le gouvernement.

Mardi 25 les évêques catholiques d’Érythrée ont appelé tous les fidèles à trois semaines de jeûne et à la prière jusqu’au 12 juillet, à l’image, disent-ils, de Néhémie, une figure de l’Ancien Testament qui, à la cour des rois de Perse, prend le deuil en apprenant l’état de désolation qui règne à Jérusalem.

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