FRANCE-IRAN: Mort d’un missionnaire loin de son pays

L’AED vient d’apprendre avec tristesse le décès du Père franco-iranien Pierre Humblot à 89 ans.

C’est un personnage de roman, fort en gueule, courageux jusqu’à la témérité, qui s’était donné corps et âme à sa mission au service des musulmans intéressés par l’Évangile.

Prêtre du Prado, il a partagé le quotidien des plus pauvres d’entre les pauvres dans les bidonvilles de Beyrouth, apprenant l’arabe parlé et littéraire. Il a ensuite été envoyé en Iran, dont il apprit la langue, le farsi, et qu’il a adopté comme une deuxième patrie. Il a passé 46 ans dans ce pays dont il a acquis la nationalité après des péripéties rocambolesques, en pleine Révolution islamique de 1979.

Le régime de l’ayatollah Khomeyn n’était pas parvenu à enrayer son zèle évangélique auprès des pires parias de la société iranienne, à savoir les musulmans convertis au christianisme. Il dû finalement fuir le pays qu’il avait tant aimé et qu’il considérait comme le sien en 2010.

Il trouva alors un modeste refuge auprès de la communauté chaldéenne du XVIIIe arrondissement de Paris. Il faut l’avoir vu, dans sa chambre minuscule qui aurait fait fuir même un étudiant parisien, s’usant les yeux à rédiger des textes et des traductions des Écritures en farsi pour mesurer le feu qui l’a animé jusqu’aux dernières années de sa vie terrestre.

Il laisse un vide considérable, en particulier parmi la discrète communauté des chrétiens issus de l’islam, qui sont en grand besoin de pasteurs.

Sylvain DORIENT, journaliste AED