Victime d’une violente agression sexuelle en 2008, Sœur Meena Barwa  a réussi à se relever et à pardonner. Elle s’est inscrite à la faculté de droit et travaille désormais au service des personnes marginalisées.

Au mois d’août 2008, le district de Kandhamal, dans l’État d’Odisha, a été le théâtre de la pire persécution antichrétienne de l’histoire indienne moderne, à la suite du meurtre d’un leader hindou local. Les radicaux hindous ont qualifié ce meurtre de «conspiration chrétienne internationale », accusant le Pape, l’Europe et les États-Unis. Ils ont appelé à la vengeance contre les chrétiens, entraînant la mort de 100 personnes et la destruction de 300 églises et 6.000 maisons. Sept chrétiens, accusés à tort du meurtre du « Swami », ont passé 9 ans en prison. Pendant la vague de violence Sœur Meena Barwa a été violée et exhibée à moitié nue dans les rues.

La victime vit comme une fugitive

« Traumatisée, j’ai déménagé plusieurs fois pour ma sécurité, parfois dans des endroits où je ne pouvais pas parler la langue locale. J’ai même dû porter des déguisements. Pendant des années, j’ai été séparée de ma famille. Et les nuits étaient mauvaises, je rêvais souvent de l’agression. Le fait de savoir que les chrétiens de Kandhamal souffraient ne faisait qu’ajouter à ma douleur. De temps en temps, je retournais dans l’État d’Odisha pour des procédures judiciaires. Le premier procès m’a humilié, offensé, torturé mentalement. J’en ai développé une sérieuse aversion pour le système judicaire indien.

Mais cela ne m’a pas abattue. J’ai décidé d’agir au nom de tous ceux qui ont souffert avec moi, d’obtenir justice pour eux. En 2009, je me suis inscrite anonymement dans une université hors d’Odisha. J’étais juste l’une des jeunes filles hébergées par le couvent. En 2015, j’ai commencé un cursus d’études juridiques de trois ans, tout en continuant à remplir mes obligations de religieuse.

« En pardonnant à mes agresseurs, je me suis libérée de mon traumatisme »

Aujourd’hui, je mène une vie normale, et je suis devenue beaucoup plus forte. Les gens que j’ai rencontrés m’ont aidée à oublier ma douleur. Ce sont des anges qui ont été envoyés pour me guider, afin que je ne me complaise pas dans mon malheur. Je me suis relevée de mon traumatisme, et j’ai trouvé un moyen d’apporter de l’espoir aux miens. En pardonnant à mes agresseurs, je me suis libérée de mon traumatisme, de ma peur, de ma honte, de mon humiliation et de ma colère. Je sens que je vis une vie normale et que je suis heureuse parce que je leur ai pardonné. Sinon, je serais devenue folle. Je n’ai pas de ressentiment envers mes agresseurs. Je souhaite seulement qu’ils deviennent de bonnes personnes.

Le peuple de Kandhamal a beaucoup souffert, mais il a mis toute sa confiance dans le Seigneur. La souffrance en soi est une grâce. Je la vois comme un défi pour grandir. L’attitude de la communauté chrétienne à l’égard de ce qui s’est passé à Kandhamal en 2008 n’est pas négative. Ses membres ont de l’espoir et ont une foi plus profonde. La tragédie les a rendus plus forts. Une parole de Saint Paul me vient à l’esprit : « Qui peut nous séparer de l’Amour du Christ ? » C’est ce que vivent les gens de Kandhamal.

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