Demain, 16 juillet, les chefs d’États des pays membres de l’Union européenne débattront de leur politique commune concernant la crise en Irak. La semaine dernière (10 juillet) l’AED avait organisé une rencontre entre les chefs des Églises chrétiennes d’Irak et le président du Conseil de l’UE à Bruxelles.

Vu la situation qui empire rapidement en Irak, l’Aide à l’Église en Détresse  a invité la semaine dernière (10 juillet) à Bruxelles une délégation irakienne dirigée par S.B. Louis Raphaël Sako, patriarche de l’Église chaldéenne catholique, avec Mgr Yohanna Petros Moshe, archevêque syro-catholique de Mossoul et Mgr Yousif Thomas Mirkis, archevêque chaldéen catholique de Kirkuk. Ils ont rencontré Herman Van Rompuy, Président du Conseil de l’Union européenne ainsi que des membres de la Commission et du Parlement européens.

Ce 10 juillet, les chefs religieux ont lancé un appel à l’Union européenne pour aider leur pays à éviter une guerre civile qui menacerait l’avenir de l’Irak et de leurs minorités « très fragiles ».

Mgr Sako a déclaré face aux représentants de l’UE que la situation de la minorité chrétienne affaiblie était extrêmement difficile et qu’en l’absence d’une solution pacifique, « il ne resterait plus qu’une présence symbolique des chrétiens en Irak. S’ils s’en vont, ce sera la fin de leur histoire. » Le patriarche a poursuivi en ajoutant que les chrétiens continuaient de fuir les régions occupées au nord par les djihadistes militants, bien « que jusqu’à présent, ils n’aient pas encore été attaqués en tant que groupe. Les musulmans aussi s’enfuient et ont trouvé refuge chez des familles chrétiennes et dans des bâtiments de l’Église dans des villages à proximité. »

L’UE ne peut plus restée indifférente à la situation des chrétiens du Proche-Orient

La délégation a déclaré qu’en facilitant les relations avec la communauté internationale des États, la communauté chrétienne continue comme par le passé, malgré la persécution systématique et la violence dont elle est victime depuis les dix-neuf siècles de son existence, de jouer un rôle constructif lors des négociations entre les belligérants de ce conflit fondé sur la religion. Les chrétiens qui ne prennent parti pour aucun camp et s’engagent en faveur de solutions pacifiques, adoptent fréquemment un rôle de médiateur entre les différents acteurs du conflit et s’efforcent de construire des ponts en établissant des dialogues. « Nous avons la réputation d’être un médiateur impartial qui n’aspire qu’au bien du pays. Lorsque des groupes adverses refusent de se rencontrer dehors, et que nous les invitons dans nos églises pour un entretien, ils viennent. »

Tunne Kelam, du Parti populaire européen, a constaté que les personnalités politiques de l’Union européenne étaient maintenant plus conscientes du sort des chrétiens du Proche-Orient à cause de la crise en Irak. « Nous ne pouvons plus rester indifférents à leur situation, l’UE devrait faire de son mieux pour leur apporter son aide et se charger d’assurer des conditions permettant aux chrétiens, qui constituent la plus ancienne population de cette région, d’y rester et de vivre dans des circonstances empreintes d’égalité et de respect mutuel. »

«  Nous n’avons plus de sécurité » Mr Sako

Malgré son rôle essentiel de maillon dans la société irakienne, la communauté chrétienne n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était auparavant, à cause de la perte de sécurité et d’un sectarisme croissant. Avant l’invasion de l’Irak en 2003, lancée sous le commandement des États-Unis, l’Irak comptait au total 1,5 million de chrétiens, dont 70 % vivaient à Bagdad. Aujourd’hui, ils sont moins de 400 000, dont la majorité vit toujours à Bagdad. Toutefois, ils sont de plus en plus nombreux à émigrer vers le nord du pays, dans des régions sous contrôle kurde, où il existe un semblant de sécurité. Le patriarche Sako a ajouté : « Sous Saddam, nous avions la sécurité, mais pas de liberté de religion. Maintenant, nous avons la liberté de religion, mais plus de sécurité. » L’archevêque Mgr Mirkis a confirmé comme suit cette affirmation : « Aujourd’hui, il règne une telle panique que peu de chrétiens envisagent un avenir en Irak. » Les chefs des Églises catholiques craignent que les violences persistantes en Irak accélèrent la fin de presque 2 000 ans de christianisme en Irak.

(photo: © Council of the EU)
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