Les déplacés chrétiens dans la région d’Erbil, en Irak, espèrent retourner dans leurs villages au cours des prochains mois. Mgr Bachar Matti Warda, archevêque chaldéen d’Erbil, décrit les conditions de vie à Erbil des familles chrétiennes qui avaient été expulsées de Mossoul et de la plaine de Ninive par l’État Islamique durant l’été 2014.

ACN Communications Trip Middle East May 2016Comment se présente la situation générale des chrétiens déplacés à Erbil ?

Mgr Bashar Matti Warda : Actuellement, plus de 10 000 familles de déplacés chrétiens sont toujours dans la région d’Erbil. Alors que beaucoup ont encore l’espoir de retourner dans leurs foyers à Ninive, cela reste incertain en raison de la poursuite du conflit dans la région, de l’absence d’un plan de sécurité stable et du manque d’infrastructures civiles. Dans ce contexte, la majorité des personnes déplacées ne sont pas encore prêtes à retourner dans leurs anciennes maisons, en particulier dans le secteur de Ninive, qui comprend Qaraqosh. La situation dans le secteur sous contrôle kurde, comprenant les villes de Teleskof, Batnaya et Baqova, est un peu plus claire ; les retours vers ces villes ont commencé. Toutefois, ces retours dépendent entièrement des efforts privés pour la reconstruction.

Quelle est la situation économique des familles ? De quoi les gens manquent-ils principalement ?

Les familles déplacées sont presque toutes au chômage, ou officiellement employées par le gouvernement, mais sans recevoir de salaire significatif. Le travail, quand il y en a, prend essentiellement la forme d’un travail indépendant, comme la vente de divers produits dans la rue, la plupart du temps sans autorisation appropriée. Ceux qui avaient économisé au début de la crise ont le plus souvent épuisé leurs fonds au cours des trois dernières années. Au cours des prochains mois, nous nous attendons à assister à une augmentation des besoins d’aide financière et humanitaire. Les trois domaines les plus critiques continuent d’être le logement, la nourriture et les soins de santé.

Comment les déplacés à Erbil vivent-ils la libération des villages des plaines de Ninive ?

Leur état d’esprit varie en fonction de leur ville d’origine et de leur situation économique. Les personnes déplacées des villes du secteur kurde sont plus optimistes, en raison des progrès accomplis en vue de leur retour et de la limpidité du leadership de l’Église et des structures de sécurité qui existent là-bas. Les personnes déplacées dont les foyers se trouvent dans le secteur irakien, qui représentent 70% des personnes déplacées de confession chrétienne, ont peur et vivent une grande incertitude. Alors que leurs villes ont été techniquement ACN Communications Trip Middle East May 2016« libérées », la situation reste très dangereuse. Ils ont redémarré une nouvelle vie ailleurs, que ce soit à l’intérieur de la région kurde ou à l’étranger.

Leur foi n’est-elle pas restée très forte malgré leurs souffrances ?

L’Église, en particulier l’archidiocèse d’Erbil, est très proche de ces personnes déplacées, quelle que soit l’Église particulière à laquelle elles appartiennent. L’Archidiocèse a géré tous les logements, la nourriture et les programmes médicaux depuis le début de la crise. Ces personnes déplacées sont devant la porte de l’archidiocèse tous les jours. Il y a partout un sentiment constant de crainte en raison de l’incertitude qui entoure toujours tout dans toute la région. Les déplacés savent que l’Église est là pour eux, mais ils savent aussi qu’il y a des limites à ce que l’Église est capable de faire. Leur foi s’affermit au milieu de la persécution qui les entoure, mais ils continuent de se sentir abandonnés par les gouvernements (tant irakien qu’étrangers) et par les grandes organisations internationales d’aide, hormis les organisations ecclésiastiques.

Quelles sont leurs espoirs, leurs rêves ?

Leurs espoirs portent principalement sur le bien-être de leurs enfants. Auront-ils la vie sauve ? Bénéficieront-ils d’une bonne éducation ? Pourront-ils trouver du travail ?  Trouveront-ils une communauté à intégrer ? La plupart des personnes déplacées qui restent espèrent que ce sera encore une possibilité en Irak, mais pour l’instant, leurs préoccupations sont de rester sains et saufs, et de survivre jusqu’à ce que la situation se clarifie.

Depuis mars 2016, l’AED est maintenant la seule organisation à s’occuper régulièrement des « déplacés internes ». Dès le début de la crise, en 2014, l’AED a pris en charge à hauteur de 13 160 000 euros les besoins alimentaires des « déplacés internes » et a financé les logements à hauteur de 9 956 100 euros.

Nous soutenir

Votre soutien nous est nécessaire

Apportez votre pierre à l’édifice, donnez et vous recevrez ! « Donnez et il vous sera donné : on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde ; car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis. » (Luc 6, 38)

Faire un don Tous les moyens d'aider
Faire un don