Le Père Sharbil Eeso, prêtre catholique de 72 ans, est arrivé à Qaraqosh, sa ville libérée qu’il avait dû quitter pour la troisième et dernière fois le 17 août 2014. Le chaos règne dans le séminaire et le bureau adjacent, les terroristes ont été jusqu’à arracher le plafond à la recherche de trésors cachés. Des statues ont été détruites, tous les papiers mis sans dessus dessous. « Nous ne pouvons pas encore mettre de l’ordre », explique-t-il en époussetant son couvre-chef sacerdotal juste retrouvé. « Il faut tout d’abord évaluer soigneusement les dégâts et les répertorier minutieusement. Cela ne pourra commencer que lorsque la ville sera sûre. La semaine dernière, un djihadiste est sorti du système de tunnels que Daesh a aménagés sous la ville. L’armée l’a immédiatement abattu : le garçon avait peut-être treize ans. »
L’église saint Georges comme fabrique de bombes
Les djihadistes ont utilisé les églises de Qaraqosh, ils y ont même inscrit leurs plans de bataille sur les murs. L’église syriaque catholique Saint-Georges a été transformée en fabrique de bombes, on y retrouve des centaines de bombes et de grenades, de toutes formes et de toutes tailles, en attente d’être tirées. En plus de cela, l’église a « été dotée » de formules mortelles qui, utilisées dans les bonnes proportions, peuvent transformer en explosifs les produits chimiques emmagasinés dans l’église.
La cathédrale, stand de tir des djihadistes
Manal Matti, irakienne de Qaraqosh, tenait un salon de beauté, à quelques pas de la cathédrale de l’Immaculée Conception. Elle témoigne, sous le choc : « Les djihadistes ont utilisé l’église comme stand de tir, avec les mannequins comme cibles ». Et de rajouter : « Les mannequins sont criblés de balles ! » Elle renchérit, le visage grave : « Je ne sais pas si les habitants de Qaraqosh reviendront un jour dans mon salon de beauté. »
Depuis 2014, l’AED a soutenu les chrétiens d’Irak par plus de 20 millions d’euros destinés à des projets d’aide d’urgence, à l’éducation scolaire, aux aides alimentaires et aux moyens de subsistance pour les personnes déplacées.