Le 10 août Mgr Sako, patriarche des Chaldéens a rédigé une nouvelle déclaration alarmant sur la situation extrêmement précaire des milliers de réfugiés et se désolant de la position américaine, insuffisante à ces yeux, car elle « fournit une assistance militaire que pour protéger Erbil ».  Ici l’intégralité de la déclaration.

 

 

 

LA SITUATION ALARMANTE DES RÉFUGIÉS MET EN GARDE CONTRE UN DÉSASTRE ENCORE PLUS REDOUTABLE

+Louis Raphaël Sako
Patriarche chaldéen de Babylone
Président de l’Assemblée des évêques catholiques d’Irak
Bagdad – Irak,
10 août 2014

La mort et la maladie s’emparent des enfants et des personnes âgées parmi les milliers de familles de réfugiés éparpillées dans la région du Kurdistan qui ont tout perdu lors des derniers tragiques développements, tandis que les militants de l’État Islamique continuent de progresser et que l’aide humanitaire est insuffisante.

Il y a soixante-dix mille chrétiens déplacés à Ankawa, ainsi que d’autres minorités dans cette ville qui compte une population de plus de vingt-cinq mille chrétiens. Les familles qui ont trouvé refuge dans les églises ou les écoles sont dans des conditions plutôt bonnes, tandis que celles qui dorment encore dans les rues ou dans les parcs publics sont dans une situation déplorable…

À Dohouk, le nombre de réfugiés chrétiens s’élève à plus de 60.000 et leur situation est pire qu’à Erbil. Il y a aussi des familles qui ont trouvé refuge à Kirkouk et à Souleimaniye, ainsi que certaines qui sont allées jusqu’à la capitale, Bagdad.

Alors que les besoins humanitaires sont en hausse (hébergement, nourriture, eau, soins de santé et fonds), l’absence de coordination internationale ralentit et limite la mise en œuvre d’une assistance efficace à ces milliers de personnes qui attendent un soutien immédiat. Les Églises offrent ce qu’elles peuvent dans la limite de leurs capacités.

Pour résumer la situation des villages chrétiens situés entre Mossoul et la frontière de la région du Kurdistan : les églises sont désertées et profanées ; cinq évêques sont hors de leur évêché, les prêtres et les religieuses ont quitté leurs missions et leurs institutions, laissant tout derrière eux, les familles ont fui avec leurs enfants en abandonnant tout le reste ! Le désastre est d’un niveau extrême.

La position du Président américain Obama de ne fournir une assistance militaire que pour protéger Erbil est décevante. Les discussions sur une partition de l’Irak sont terrifiantes. Les Américains ne sont pas en mesure de trouver une solution rapide pour donner espoir, surtout qu’ils ne vont pas attaquer les positions de l’État Islamique à Mossoul et dans la plaine de Ninive. La confirmation que cette terrible situation continuera jusqu’à ce que les Forces de sécurité irakiennes combattent aux côtés des Peshmerga contre les militants de l’EIIL est très déprimante. Le Président de la région du Kurdistan a déclaré que les troupes kurdes se battaient contre un État terroriste et pas contre de petits groupes ! Alors que le pays est à feu et à sang, les hommes politiques à Bagdad se battent pour le pouvoir.

Peut-être que finalement ni Mossoul ni les villages de la plaine de Ninive ne seront libérés. Il n’y a pas de stratégie pour tarir la source des effectifs et les ressources de ces terroristes islamistes. Ils contrôlent la ville pétrolière de Zumar, et les champs pétroliers de Ain Zalah et Batma, ainsi que ceux d’Al-Raqqa et Deir ez-Zor en Syrie. De plus, des combattants extrémistes islamiques en provenance du monde entier se joignent à eux.

Les choix des familles de réfugiés :

Émigrer : Où ? Disposent-ils d’argent et des documents nécessaires ?

Rester : Dans les écoles ou dans les camps de réfugiés, en attendant que l’été s’achève et que l’hiver arrive ? Les écoles rouvriront-elles et leurs enfants iront-ils dans les écoles primaires, les collèges et les lycées ? Seront-ils les bienvenus dans les écoles d’Erbil, de Duhok et de Sulaymaniyah ? Quel avenir pour les propriétés, les biens ou le travail de ces milliers de personnes innocentes qui ont dû fuir dans la nuit, par la force, leurs chers villages ?

Ce sont des questions qui devraient susciter de la peine dans la conscience de chaque personne et organisation, afin que quelque chose soit fait pour sauver ce peuple qui a son histoire dans ce pays depuis les origines.

(crédit photos Ankawa.com)

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