Le pape François se rend à la septième édition du Congrès des chefs des religions mondiales et traditionnelles du 13 au 15 septembre 2022. Mgr Mumbiela, président de la Conférence épiscopale d’Asie centrale, commente cette rencontre.

AED : Que signifie la visite du pape François, chef de l’Église catholique, dans un pays à majorité musulmane (70%) qui ne compte que 25% de chrétiens, dont à peine 1% de catholiques ?

Procession dans la steppe kazakhe

Mgr Mumbiela : Après les tristes événements que le Kazakhstan a connus en début d’année, le pape vient nous dire que nous ne sommes pas seuls. Le Saint-Père a dit au Président qu’il appréciait beaucoup ce que faisait le Kazakhstan pour chercher la paix et la concorde entre tous, et qu’il venait spécialement pour le soutenir. La visite du pape François a pour but de soutenir non seulement le gouvernement, mais aussi le pays. Cette année, nous célébrons les trente ans de l’indépendance et de la Constitution.

Et que signifie cette visite pour la minorité catholique du pays ?

Tout au long de son histoire, le Kazakhstan a été un carrefour pour de nombreuses populations et cultures. C’est pourquoi les expériences sont très différentes, en fonction de la trajectoire chrétienne de chacun. Mais dans l’ensemble, bien sûr, c’est une grande fête, une fête familiale. Pour nous, le pape n’est pas seulement un chef d’État, il n’est pas seulement le chef d’État du Vatican, il se passe autre chose ici.  Il est quelqu’un de très proche de nous tous, comme un père. Dans ce pays, les papes sont très aimés, peu importe lequel.

Le Kazakhstan a beaucoup changé depuis la visite historique de Jean-Paul II il y a 21 ans. Qui sont les catholiques qui vont recevoir le pape François la semaine prochaine ?

Une grande partie des catholiques sont des Polonais installés au nord du pays. Dans les grandes villes où il y a plus de mélanges, il y a des gens d’origines plus variées. Par exemple, il y a de nombreux catholiques coréens, lesquels avaient été autrefois déportés. Il y a aussi des personnes issues de communautés non chrétiennes et converties au catholicisme. Comme une rivière qui continue de couler, les gens sont attirés par le message de l’Église. Nous n’avons pas de baguette magique, non, ils sont conduits par le cœur, pas du fait de nos immenses vertus, mais par la grâce de Dieu.

François se rend à la septième édition du Congrès des chefs des religions mondiales et traditionnelles, une initiative de l’ancien Président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev, qui date de 2003. Pourquoi cette rencontre est-elle si importante ?

Je crois que nous pouvons dire que les racines de ces congrès remontent à la rencontre d’Assise, lancée par Jean-Paul II en 1986. Le pape y avait invité les représentants de différentes religions à prier ensemble pour la paix. Je pense que l’idée de Nazarbaïev est née de cette rencontre. Comment garder vivant l’esprit d’Assise ? Comment maintenir cette flamme allumée, cet esprit, cette intention, au fil du temps ? Beaucoup, même au sein de l’Église catholique, en ont discuté : pourquoi rassembler les chefs religieux ? Serait-ce du relativisme ? etc. cependant Jean-Paul II a agi dans une perspective universelle. Il les a convoqués tel un berger parmi les bergers, qui veillait au bien de toute l’humanité et pas seulement des catholiques.

Que pouvons-nous attendre de ce congrès ? 

Affiche annonçant la visite apostolique du pape François, du 13 au 15 septembre.

Je pense que ce congrès a assez bien rempli ses objectifs au fil des ans. L’objectif est que toutes les religions s’engagent pour la paix dans le monde. Nous devons nettoyer le visage de la religion, retrouver le sens religieux authentique. Par sa présence, le pape François a frappé un grand coup :  il nous appelle avec amour à « rouvrir la porte de cette espérance » Montrons que la religion est un chemin vers la paix.

Pensez-vous que ce congrès facilitera le dialogue entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe russe, tellement remis en question en ce moment ?

Le Patriarche Cyrille ne vient pas, mais envoie une délégation. Le dialogue avec l’Église orthodoxe en général se poursuit et le dialogue avec l’Église orthodoxe russe n’est pas rompu. Je pense donc que cela aura un effet positif. Il y a une intention de dialogue. Si les gens viennent, c’est parce qu’il y a une attitude de dialogue, personne n’a brisé cet esprit. À mon avis, les médias ont accordé trop d’intérêt au fait que le Patriarche ne vienne pas.

Le Kazakhstan a été la destination de nombreuses déportations, depuis l’époque des tsars à celle du stalinisme, avec 11 camps de détention. Pensez-vous que le pape se rendra sur certains de ces lieux ?

Lorsque le Vatican nous a permis, à nous évêques, de faire quelques propositions pour le programme du pape, l’une des propositions était qu’il aille à Karaganda ou dans l’un des lieux de répression soviétique. Mais de toute évidence, la santé du Saint-Père ne permet pas beaucoup de déplacements, ceux-ci doivent rester très limités.  Des propositions du gouvernement et des évêques ont été faites. Mais on nous a dit que le pape devait restreindre tous ses mouvements et entretiens au minimum. Ce que nous savons c’est qu’il rencontrera certains chefs religieux.

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