La foi intacte de sœur Gloria, ex-otage au Mali

Soeur Gloria Cecilia Narváez, religieuse colombienne libérée en octobre dernier au Mali après plus de quatre années de détention, revient pour l’AED sur sa longue captivité.  

De retour en Colombie fin novembre, sœur Gloria termine sa convalescence après 4 ans et 8 mois de rude détention au Mali. La Religieuse de la communauté des Franciscaines de Marie Immaculée avait été kidnappée par un groupe jihadiste affilié à Al-Qaida le 7 février 2017 au Mali (à 400 km à l’est de Bamako). Elle ne sera libérée que le 9 octobre 2021.

Pendant toute cette longue captivité au cours de laquelle elle est victime de graves abus, la sœur confie dans un entretien avec l’AED ce 29 décembre avoir vécu son enlèvement comme « une sorte d’exode. Une occasion que Dieu m’a donnée pour examiner ma vie… »

Durant cet exode, l’exemple de saint François l’accompagne particulièrement. Même quand on la maltraite, elle rend grâce à Dieu pour la vie : « Comment ne pas Te louer, Te bénir et Te remercier, mon Dieu, car Tu m’as comblé de paix face aux insultes et aux mauvais traitements. »

Face à la souffrance, elle se souvient des enseignements de la fondatrice de son ordre, la bienheureuse Caridad Brader : « Sois tranquille pour que Dieu te défende », et de ceux de sa mère, Rosa Argoty, décédée un an plus tôt : « Sois toujours sereine, Gloria, toujours sereine ».

Quand on la frappe sans raison, elle prie : « Mon Dieu, c’est dur d’être enchaînée et de recevoir des coups, mais je vis ce moment tel que Tu me le présentes… Et malgré tout, je ne voudrais pas que l’on fasse du mal à l’un de ces hommes (ses ravisseurs) ».

Protection divine

Un jour où elle s’éloigne légèrement du camp pour prier, l’un des chefs du groupe la ramène au camp, excédé, la frappant et l’insultant : « On va voir si ce Dieu te sortira d’ici. » La voix de sœur Gloria se brise lorsqu’elle se souvient de lui : « Il m’a parlé avec des mots très durs… Mon âme a frémi à ce que cette personne disait, tandis que les autres gardiens riaient aux éclats en entendant ces insultes. Je me suis approché de lui et je lui ai dit très sérieusement : ‘Écoute, chef, s’il te plaît, montre plus de respect pour notre Dieu, Il est le Créateur et cela me fait vraiment beaucoup de peine que tu parles de Lui de cette façon.’ Alors les ravisseurs se sont regardés, comme touchés par la force de cette affirmation simple mais puissante, et l’un d’eux a dit : ‘Elle a raison. Ne parle pas de son Dieu comme ça’ et ils se sont tus. »

La religieuse est certaine qu’à au moins cinq reprises, Dieu et la Sainte Vierge sont intervenus pour la protéger. Comme lorsqu’une grande vipère fait le tour plusieurs fois de l’endroit où elle dort sans s’approcher d’elle ou lorsqu’un gardien grand et fort s’interpose soudainement devant un autre qui s’apprête à lui taillader les veines.

« Ils m’ont demandé de répéter des prières musulmanes »

Lors de sa captivité, elle défend sa foi avec courage. « Ils m’ont demandé de répéter des phrases de prières musulmanes, de porter des vêtements de style islamique, mais j’ai toujours fait savoir que j’étais née dans la foi catholique, que j’avais grandi dans cette religion et que je ne changerais cela pour rien au monde, même si cela devait me coûter la vie », ce qui a failli arriver plusieurs fois.

Au Mali, environ 90 % de la population est musulmane. Sœur Gloria vivait dans le nord du pays. « Il n’y avait pas de portes fermées, pas de murs » explique-t-elle. Les familles accueillaient les religieuses dans leurs maisons et partageaient leur nourriture avec elles. « À la fin du ramadan, nous étions invitées à faire la fête chez les habitants et il y avait toujours de la convivialité » s’est-elle remémorée lors de de l’interview. « Si nous respectons la liberté de l’autre de vivre sa religion, alors nous pouvons recevoir ce même respect » ajoute-t-elle.

Présence au Mali depuis 25 ans

Les sœurs Franciscaines de Marie Immaculée sont présentes au Mali depuis plus de 25 ans. L’une de leur mission est la promotion des femmes, avec un accent particulier sur l’alphabétisation, l’éducation étant pratiquement inexistante pour les femmes.