Pays refuge, le Liban a gardé ses frontières avec la Syrie ouvertes depuis 2011 et accueille près de 1,5 million de réfugiés, soit un tiers de sa population. Un défi de taille, auquel l’Eglise entend répondre.

« Le Liban a subi un afflux massif, soudain et spontané de près d’un tiers de sa population ». Tel est le constat dressé par l’ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, le 11 décembre dernier, lors de la conférence internationale de Paris organisée par la Chredo pour défendre les minorités religieuses en Orient. Et pour cause : ce petit pays de 4,5 millions d’habitants a accueilli près de 1,5 million de réfugiés syriens. L’exil vers le Liban, débuté en 2011, s’est ensuite accéléré et, au plus fort de la crise syrienne, en 2014-2015, le pic de réfugiés a pu atteindre les 2 millions.

Le Liban, pays refuge

A cette arrivée massive de réfugiés syriens depuis 2011 s’ajoute celle de réfugiés irakiens, depuis 2003, et palestiniens, en 1948 et en 1967. Alors que ces derniers ont longtemps été estimés à 400 000 par les Nations unies, leur nombre, selon un recensement officiel de 2017 effectué dans les douze camps de réfugiés, serait de 174 422.

Des réfugiés dont le nombre est source de fortes tensions pour ce petit Etat de 10 400 km2 aux institutions bancales et frappé par une grave crise économique. Nombreux sont ceux qui redoutent un déséquilibre démographique irréversible et qui considèrent les réfugiés comme une main d’œuvre concurrente à la main-d’œuvre libanaise. Faute d’opportunités professionnelles, nombre de Libanais quittent ce pays où le taux de chômage atteint 21%. Et les campagnes sont marquées par un exode rural préoccupant.

« Le Liban est un pays refuge », souligne Mgr Grégoire Assadourian, évêque auxiliaire du diocèse patriarcal de Beyrouth. Il confie à l’AED : « tous les jours, nous recevons des gens qui ont faim, qui n’arrivent pas à payer leur loyer, … Ce sont des réfugiés syriens, mais aussi des Libanais. Nous traversons une lourde crise économique. Il y a beaucoup de détresse, de misère, au Liban. Et l’Eglise va les aider. Les réfugiés syriens, des familles entières, ont tout perdu, n’ont plus rien. » Le 20 novembre dernier, le pape François avait remercié le Liban pour « l’accueil généreux de plus d’un million de réfugiés de tout le Moyen-Orient. »

Des frontières ouvertes depuis 2011

Face à cette crise, le représentant du pays du Cèdre en France a fait savoir, le 11 décembre dernier, que la seule solution durable est le retour en toute sécurité des réfugiés syriens sur leurs terres, afin de participer à la reconstruction de leur pays. « Depuis 2011, nos frontières avec la Syrie sont restées ouvertes, souligne le diplomate. Et elles le resteront, précise-t-il. Car c’est ça, le message du Liban. »

Un message, qui fait écho à celui qu’évoquait Saint Jean-Paul dans sa lettre apostolique du 7 octobre 1989 : « le Liban est plus qu’un pays : c’est un message de liberté et un exemple de pluralisme pour l’Orient comme pour l’Occident ! » Dans ce pays où 18 communautés religieuses officielles (12 chrétiennes, 5 musulmanes, et 1une juive) cohabitent, ce message se vit, dans un souffle fragile.

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