Hadi est marié et père de famille, libanais, originaire de Beyrouth même. Sœur Christine Sangaré est religieuse malienne en mission avec sa communauté au Liban. Un an après, ils ont accepté de revenir sur le traumatisme que furent pour eux les explosions dévastatrices.

Beyrouth – Liban – Dégâts à la cathédrale Saint Georges après l’explosion du 4 août 2020

4 août 2020, peu avant 18h, heure locale, les Libanais vaquent à leurs occupations habituelles, rendues déjà difficiles par une crise économique et politique grave, dont
n’a cure un certain coronavirus qui aggrave encore la situation.

17h45 environ, Hadi quitte son bureau de directeur des appels d’offres dans un grand groupe de bâtiment, sa fenêtre donne sur le port. Généralement, il rentre chez lui par une autoroute qui longe le port, mais ce jour-là, il décide de rentrer par l’intérieur de la ville. Il s’arrête pour quelques courses. Un bruit semblable à des avions perce le ciel. Pendant ce temps, son épouse, avocate sans travail – les institutions, y compris juridiques, étant à l’arrêt – est près du port avec leurs deux enfants de 6 et 7 ans. 18h, première explosion suivie de la deuxième, tellement plus puissante. Panique dans le couple, puisque chacun sait que l’autre est censé être à Beyrouth, en particulier dans le quartier du port. Les communications téléphoniques sont coupées pendant des heures. L’épouse de Hadi est avec les enfants dans leur voiture qui fait face à l’explosion. Pas de blessés, mais le toit de la voiture est tordu sous l’effet du souffle. Le bureau de Hadi s’est déplacé de 10 mètres, tout est pulvérisé. Deux de ses collègues, blessés par les éclats de verres et l’effondrement de murs sont gravement blessés et feront plusieurs mois de coma, l’un d’eux a perdu un œil.

Sœur Christine Sangaré est malienne, franciscaine missionnaire de Marie. 19 sœurs (libanaises, françaises, syriennes, égyptiennes, jordaniennes et malienne) sont présentes dans le quartier de Badaro, à environ 35 mn à pied du port. La communauté tient un jardin d’enfants (vide en cette période estivale) et un foyer pour jeunes filles étudiantes, l’université Saint-Joseph étant proche. Une réunion de communauté se termine. Sœur Christine regagne sa chambre, s’assoie sur son lit, recharge son téléphone et s’apprête à redescendre à la chapelle pour l’office quand les tonnes de nitrate d’ammonium explosent. Le premier coup ouvre sa porte et sa fenêtre. Au deuxième coup, « c’est comme si on avait secoué notre bâtiment ». Aucun blessé dans la communauté. Mais les dégâts matériels sont très importants. Les symptômes post-traumatiques sont importants aussi : dans les jours qui ont suivi l’explosion, la moindre porte qui bouge fait sursauter sœur Christine et les nuits sont blanches. Pour autant, elle ajoute « Nous vivons au jour le jour et nous savons qu’à tout moment, on peut avoir des surprises ». Tant chez Hadi que chez sœur Christine, la force de caractère et le calme sont manifestes. Un an après, leur vie quotidienne déjà difficile est marquée d’un traumatisme lourd. Sœur Christine est en vacances dans son pays si meurtri, le Mali. Hadi est en déplacement professionnel à Dubaï. Il a emporté avec lui une longue liste de produits à acheter : entre autres du lait en poudre pour ses enfants et une grande quantité de médicaments pour des amis. Un ami d’Hadi, médecin, n’a pas pu pratiquer une IRM sur sa propre mère, faute de produit de contraste. Beaucoup de choses manquent au Liban, l’eau et l’électricité font parfois défaut, le pain devient cher, le prix du blé a triplé, d’autant que la livre libanaise connaît une dévaluation vertigineuse. Sœur Christine continue sa mission auprès de la population qui vit un véritable calvaire. Hadi, comme père de famille, s’interroge sur l’avenir scolaire de ses enfants.

Puisse Notre Dame du Liban, à Harissa, susciter encore beaucoup d’entraide, via les paroisses ou tout organisme qui assure l’acheminement de l’intégralité des aides fournies.

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