Après la Bulgarie, le choix de la Macédoine du Nord, un petit pays parmi les plus pauvres en Europe, confirme le choix du Pape de se rendre « aux périphéries ».

Le pape François se rendra le 7 mai à Skopje, ville natale de sainte Mère Teresa (en 1910), alors dans l’Empire turc avant d’être rattachée à la Yougoslavie à l’issue de la Première Guerre mondiale. Skopje est aujourd’hui la capitale de la Macédoine du Nord. L’ancienne République yougoslave de Macédoine (elle avait déclaré son indépendance en 1991) est en effet devenue officiellement la République de Macédoine du Nord le 12 février 2019. C’est l’heureuse conclusion d’une querelle diplomatique de près de 30 ans entre la Macédoine et la Grèce qui refusait que son petit voisin utilise le même nom que leur province septentrionale associée depuis l’Antiquité à la figure d’Alexandre le Grand, fierté nationale hellène. Cet accord entre Athènes et Skopje ouvre la voie à l’adhésion de la Macédoine du Nord à l’Otan et à son rapprochement de l’Union européenne, que bloquait jusque-là le veto d’Athènes. La République de Macédoine du Nord deviendra le 30ème pays membre de l’Otan au terme d’un processus de ratification qui devrait s’étaler sur un an.

Un pays isolé et méconnu

Aux marges de l’Europe, la Macédoine du Nord conjugue des caractéristiques qui expliquent l’intérêt particulier que lui accorde le pape François : ce pays balkanique se classe parmi les États les plus pauvres en Europe, il est en première ligne face aux migrants et le dialogue tant interreligieux qu’œcuménique y est particulièrement délicat.

Pays essentiellement montagneux, la Macédoine du Nord est isolée géopolitiquement, sans accès à la mer, et mise beaucoup sur son adhésion à l’Union européenne pour attirer des investisseurs et consolider son économie. Elle partage des frontières avec la Grèce, la Bulgarie, la Serbie, le Kosovo et l’Albanie. Le pays, de deux millions d’habitants, compte une très petite minorité catholique dans sa capitale et plus grande ville, Skopje.

La Macédoine du Nord est avec l’Italie, la Grèce et l’Espagne, un des premiers pays d’Europe concernés par la pression migratoire : la route des Balkans, quoique secondaire par rapport à la traversée de la Méditerranée, a tout de même été empruntée par 12 000 personnes l’an dernier, pour la plupart des Pakistanais, Afghans et Irakiens rêvant de s’installer en Europe. Un accord a été signé en juillet 2018 entre le commissaire européen aux migrations et le ministre macédonien de l’Intérieur pour déployer des garde-frontières européens sur le territoire macédonien ainsi qu’en Grèce et en Bulgarie.  

« Sois sans crainte, petit troupeau ! »

En Macédoine du Nord, les coupoles byzantines côtoient les minarets. La cohabitation est parfois difficile entre chrétiens orthodoxes (65 % de la population) et musulmans (33 %) d’origine albanaise et turque, héritage de cinq siècles d’occupation ottomane. En outre, l’extrémisme religieux, en rupture avec un islam balkanique réputé plus tolérant, continue de progresser après les arrivées massives dans les Balkans de combattants islamistes lors des conflits des années 90, notamment au Kosovo. Plus de 800 musulmans originaires des Balkans auraient ensuite combattu en Irak et en Syrie dans les rangs de l’organisation Etat islamique. Une situation qui ne favorise ni la cohabitation, ni le dialogue interreligieux.

Quant à l’œcuménisme, il est compliqué par un problème interne à l’Église orthodoxe : l’Église orthodoxe serbe conteste l’autocéphalie autoproclamée de l’Église orthodoxe macédonienne, majoritaire dans le pays, et qui bénéficie de la faveur des autorités macédoniennes bien que cette indépendance ne soit reconnue par aucune autre Église orthodoxe. De quoi écorner la réputation de modèle de tolérance entre les religions qu’entend promouvoir la Macédoine.

À tous les Macédoniens, mais d’abord aux quelques dizaines de milliers de catholiques, le pape François déclinera le thème choisi pour ce déplacement : « Sois sans crainte, petit troupeau ! » (Luc, 12,32).

Cet article est issu de l’Eglise dans le monde, le magazine de l’AED (n°193)

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