Au lendemain du massacre de la Pentecôte causant la mort de dizaines de personnes, l’AED a eu un entretien exclusif avec le Père Augustine Ikwu, directeur des communications sociales pour le diocèse. Interview.

Combien de personnes exactement ont été tuées ou blessées dans l’attaque qui a eu lieu dimanche dernier ?

Nous avons déjà 38 personnes à la morgue : cinq enfants (une fille et quatre garçons), deux adolescents (une fille et un garçon), douze hommes et dix-neuf femmes adultes. Et nous continuons de tenter de retrouver les noms de ceux qui sont à l’hôpital. Nous avons déjà beaucoup de noms, mais certaines personnes ont été emmenées dans des hôpitaux privés, alors nous essayons de contacter les familles de chaque personne qui était dans l’église ce jour-là, afin de pouvoir connaître le sort de chacun. Pour l’instant, nous ne sommes donc pas en mesure d’indiquer le nombre définitif de blessés.

Que savons-nous des assaillants ?

Nous n’avons encore rien de concret. Il y a eu tellement de spéculations, mais nous ne voulons pas donner de pronostics qui pourraient s’avérer incorrects. Certaines de ces spéculations semblent tout à fait logiques et correspondent à la situation générale de notre pays en ce moment, comme l’insécurité, les conflits politiques et les conflits entre les bergers peuls et les agriculteurs. Bien que nous n’affirmions pas que ces spéculations sont fausses, nous ne les confirmons pas non plus. Il s’agit de probabilités, mais tant que nous n’aurons pas pu nous renseigner sur les faits, nous ne pourrons rien dire. Espérons que quelqu’un sera attrapé et avouera les véritables motifs de l’attaque.

Les conflits dans cet État d’Ondo sont-ils courant ?

Cet État (celui d’Ondo dans lequel a lieu les attaques, ndlr) est en général pacifique. Parfois, il y a des problèmes, mais ce ne sont pas des situations graves. Il est difficile de croire que les musulmans locaux feraient quelque chose comme ça. Il y a toujours eu une nette distinction entre les musulmans du nord et du sud. Les musulmans qui vivent dans notre région du Sud ouest sont relativement pacifiques, et ils ont publiquement condamné cette atrocité.

Quelle est l’urgence en ce moment ?

La période est difficile pour nous, et nous appelons le monde entier à prier pour nous, à prier pour les défunts, les blessés et leurs familles au sein du diocèse. Nous avons commencé une neuvaine aujourd’hui, et nous appelons tout le monde à se joindre à nous dans cette démarche. Nous appelons également tous ceux qui le peuvent à nous aider dans l’enquête sur le terrain.

Mais nous appelons également le monde à être conscient de l’état d’insécurité, non seulement actuellement dans notre État, mais aussi dans tout le pays, parce qu’à ce stade l’insécurité a littéralement pris le contrôle du pays. Et si je pouvais dire quelque chose au gouvernement actuel, je dirais qu’il n’est pas déshonorant de démissionner lorsqu’on est confronté à une situation qu’on ne peut pas gérer. Si le pays est devenu ingouvernable, il devrait être honorable de démissionner et de laisser la place à quelqu’un qui puisse intervenir en étant en mesure de mieux gérer la situation. Nous ne devons pas laisser la cupidité nous guider.

Craignez-vous que la communauté chrétienne puisse tenter de se venger des coupables présumés de ce qui s’est passé ?

L’évêque a continué d’appeler la population à rester pacifique, respectueuse des lois, et à ne pas se faire justice. Personne ne devrait sortir afin de rendre le mal pour le mal. Ce n’est pas du tout le mode de vie chrétien. Même dans de telles situations, nous répondons au mal par la paix. C’est facile à dire, mais difficile à pratiquer, cependant, sur le long terme, nous découvrons que c’est ce qu’il y a de mieux pour la société.

Nous espérons en Dieu. Nous sommes comme les trois compagnons de l’Ancien Testament qui ont été jetés dans la fournaise. Ils ont dit : «Si notre Dieu ne peut pas nous sauver, alors périssons dans la fournaise », et Dieu les a sauvés. Alors peut-être que c’est aussi un défi lancé à Dieu, parce qu’à ce sujet, les gens font appel à Lui, vu qu’ils ne peuvent vraiment pas contrôler la situation. Nous espérons qu’Il nous aidera, nous croyons qu’Il le fera, mais nous avons peur. Les gens voudront peut-être prendre les choses en main, parce que beaucoup de gens n’ont plus confiance. Nous avons donc lancé des appels au grand public pour qu’il évite cela et ne cause pas plus de dommages.

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