Nigeria : « Plus personne n’est en sécurité »

Le Père Vitus Borogo et le Père Christopher Odia ont été assassinés lors de tentatives d’enlèvement visiblement ratée. Le Nigeria continue d’être en proie à la criminalité, et de nombreux prêtres ont été ciblés par des bandits.

Mgr Matthew Man-Oso Ndagoso, archevêque de Kaduna, évoque la peur et le traumatisme consécutifs à l’assassinat d’un prêtre de son archidiocèse, le Père Vitus Borogo, âgé de 50 ans, dont les funérailles ont été fixées au 30 juin.

« Tout le monde est sur le qui-vive. Nous tous, membres du clergé, laïcs, absolument tout le monde. Les gens ont peur, et à juste titre. Ils sont traumatisés, et ont raison de l’être ».

« Compte tenu de cette situation, personne n’est en sécurité nulle part. Si vous sortez de chez vous, même pendant la journée, vous n’êtes pas en sécurité tant que vous n’êtes pas rentrés », ajoute-t-il.

Deux autres personnes enlevées

Des criminels ont attaqué le Père Vitus alors qu’il rendait visite à sa famille dans une ferme de la région de Prison Farm, non loin de la ville de Kaduna. Les hommes armés ont tiré sur le Père Vitus Borogo, emmenant son jeune frère et un autre homme en captivité, où ils se trouvent encore.

« C’était complètement inattendu. Ce sont des ravisseurs, ils cherchent de l’argent. Nous ne savons pas pourquoi ils l’ont tué. De toute évidence, ils voulaient kidnapper tout le monde, mais pour une raison inconnue, ils ont choisi de le tuer, seul Dieu sait pourquoi », a déclaré Mgr Matthew, ajoutant que « pour nous, ce fut vraiment choquant ».

Avec l’insécurité, les gens sont privés des sacrements

Pour l’instant, l’Église ne dispose d’aucune information sur l’identité des criminels, ni sur leurs revendications, dit Mgr Matthieu. Le Nigeria a été durement touché par la violence et le banditisme au cours des dernières années, et de nombreux prêtres ont été ciblés par des ravisseurs. L’archidiocèse de Kaduna a été particulièrement touché par la violence et déchiré par des conflits.

Il y a quelques semaines, lors d’une conférence en ligne organisée par l’AED, Mgr Matthew a fait le point sur les pertes : « Au cours des trois dernières années, sept de mes prêtres ont été enlevés, deux ont été tués, et un est resté en captivité pendant trois ans et deux mois. Quatre d’entre eux ont été libérés. Dans cinquante de mes paroisses, les prêtres ne peuvent pas rester dans leurs presbytères, parce qu’ils y sont des cibles, étant considérés comme une source d’argent facile au moyen d’une demande de rançon. Je ne peux pas faire de visites pastorales comme je le fais habituellement, les prêtres ne peuvent pas se rendre dans les villages pour y célébrer des messes. Les gens ne peuvent pas aller à la ferme, c’est pourquoi ils ne peuvent pas se nourrir. Compte tenu de cette insécurité, les gens sont privés des sacrements ».

Le Père Vitus est le troisième prêtre tué dans cet archidiocèse qui se trouve dans le nord du pays. 

Le sud du pays est également touché 

Les enlèvements sont également devenus un problème pour l’Église nigériane dans le Sud du pays. Le week-end même où le Père Vitus a été tué, un autre prêtre, le Père Christopher Odia, 41 ans, a été assassiné dans le diocèse d’Auchi. Ce prêtre a été tué lors d’une tentative d’enlèvement ratée, alors qu’il sortait de son presbytère pour célébrer la messe dominicale dans l’église catholique St Michael, à Ikabigbo, indique une note du diocèse, envoyée à l’AED.

L’Église catholique au Nigéria s’est montrée très critique à l’égard du gouvernement, lui reprochant l’insécurité croissante et de ne pas en faire assez pour protéger les innocents des criminels.