Maira Shahbaz, la jeune chrétienne pakistanaise enlevée qui avait attiré l’attention de la communauté internationale ces dernières semaines s’est échappée de chez Mohamad Nakash, l’homme qui, selon le tribunal de Lahore, est son mari légitime. Après l’évasion, Maira s’est rendue au poste de police et a déclaré, entre autres, qu’elle avait été filmée pendant que son kidnappeur la violait.

 

La jeune femme a fui le domicile de Nakash, près de Faisalabad, où des sources proches de sa famille affirment qu’elle avait été obligée de se prostituer. Maintenant, elle, sa mère et ses trois frères et sœurs sont en fuite, et leur localisation n’a pas été divulguée par crainte de représailles. Selon Maira, Nakash veut les tuer : « Ils ont menacé de tuer toute ma famille. Ma vie était en danger lorsque j’étais aux mains des ravisseurs. Nakash m’a violée sauvagement à plusieurs reprises ».

Conversion forcée

Dans sa déclaration, la jeune catholique a également affirmé qu’elle avait été forcée de se convertir, soulignant qu’elle avait été trompée en signant des documents vierges, extorqués par le ravisseur. Elle a ajouté que le ravisseur et ses complices avaient menacé de publier sur internet la vidéo du viol si elle ne répondait pas à leurs demandes. L’Aide à l’Église en Détresse (AED) a reçu grâce à l’avocat de la famille, Me Khalil Tahir Sandhu, une copie des déclarations de Maira à la police, dans lesquelles elle décrivait comment elle avait été enlevée, et les atrocités qu’elle avait subies en captivité.

Par ailleurs, lors d’un entretien accordé à l’AED, Lala Robin Daniel, une amie de la famille de Maira, a décrit comment ils fuyaient, se déplaçant d’un endroit à l’autre tous les 2 ou 3 jours, ajoutant : « Maira est traumatisée. Elle ne peut pas parler. Nous voudrions l’emmener chez le médecin, mais nous avons peur d’être découverts. Nous avons tous très peur, mais nous avons confiance en Dieu ».

La famille a demandé l’arrestation de Nakash pour des infractions sexuelles impliquant une mineure, et son avocat, Me Tahir Sandhu, a demandé aux tribunaux d’annuler leur mariage et de reconnaître l’usage de la violence en vue de l’obtention de la conversion. Pour sa part, le ravisseur présumé a réagi en demandant l’arrestation de la mère de la victime, Nighat, de ses oncles et de Lala Robin Daniel, affirmant qu’ils auraient enlevé la jeune fille.

La justice défend le ravisseur

Ces événements surviennent près de trois semaines après le jugement rendu par le tribunal de Lahore en faveur de Nakash dans l’affaire de l’enlèvement présumé de la jeune fille. Pour mémoire, le 28 avril Maira était enlevée par Nakash et deux complices armés, en plein jour, près de son domicile. La famille n’a cessé de contester le mariage présumé de Nakash avec Maira, et l’avocat de Maira a présenté un certificat de naissance officiel au tribunal pour prouver que la jeune fille avait 13 ans au moment de la cérémonie présumée, en octobre dernier. Le religieux musulman mentionné sur le certificat de mariage l’a rejeté comme faux et s’est rendu à la police pour déposer plainte.

Selon le dernier Rapport sur la liberté religieuse dans le monde, publié par la Fondation Aide à l’Église en Détresse, l’enlèvement et la conversion forcée des femmes appartenant à des minorités religieuses, souvent accompagnés de viols et d’autres formes de violence sexuelle, sont des problèmes récurrents dans un certain nombre de pays, en particulier au Pakistan et en Égypte. Ces enlèvements ne suivent pas un schéma établi, certains sont opportunistes tandis que d’autres sont effectués par des groupes organisés. Une partie importante d’entre eux n’est pas motivée exclusivement par la foi religieuse, mais par une combinaison de facteurs, y compris, dans certains cas, des incitations économiques.

1000 enlèvements chaque année au Pakistan

Les organisations non gouvernementales pakistanaises estiment que chaque année, au moins 1.000 femmes chrétiennes et hindoues sont enlevées et forcées de se convertir et d’épouser leur agresseur. En Égypte, quelque 550 femmes chrétiennes âgées de 14 à 40 ans ont disparu de 2011 à 2014, et des jeunes filles sont régulièrement enlevées.

Selon la Commission pakistanaise des droits de l’homme et le Mouvement pakistanais pour la solidarité et la paix, les enlèvements de femmes se multiplient. Il est fréquent que les autorités disent aux parents que la jeune fille s’est convertie et s’est mariée de son plein gré. De nombreuses familles ne signalent même pas le crime ou retirent leur plainte, face aux menaces proférées contre d’autres membres de ces familles.

 

 

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