À l’occasion des 34e Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), du 22 au 27 janvier, l’Église du Panama a décidé de dévoiler la face cachée du pays. “Quand un étranger débarque à Panama, il se croirait à Dubaï, mais ce n’est qu’une façade”, lâche Mgr José Domingo Ulloa, archevêque de Panama Ciudad, la capitale. Ce pays d’Amérique Centrale de quelque 4 millions d’habitants, compte plus de 80 % sont catholiques

À côté des grandes avenues bien propres de la capitale, bordées de boutiques de luxe, de gratte-ciels de verre, de sièges de banques et de sociétés de service, sans oublier le prestigieux Canal, le Panama réserve ses richesses à une petite minorité de nantis.

“Panama est un pays à deux visages.  Au Panama, en 2015, les 10 % des familles les plus riches avaient des revenus 37 fois plus élevés que les 10 % des familles les plus pauvres. “Ces chiffres nous parlent de l’injustice sociale et du degré élevé d’inégalité dont souffre notre peuple”, insiste Mgr Ulloa l’archevêque de Panama.

Afro-descendants et peuples indigènes marginalisés

Le sort des Afro-descendants est peu enviable. Leurs ancêtres étaient  des esclaves africains déportés au Panama à partir du 15-16ème siècles, ou des Antillais arrivés comme travailleurs au XXème siècle pour la construction du Canal de Panama. La pauvreté et la marginalisation continuent de leur coller à la peau. Ils demeurent cantonnés aux provinces pauvres comme celle de Colón, de Darien et de Panama.

Panama compte également sept peuples indigènes, qui forment quelque 10-12% de la population, soit près d’un demi-million d’habitants. Une proportion importante de cette population autochtone vit dans une situation de marginalisation et d’exclusion sociale sévère.

“L’état de santé de ces peuples autochtones est précaire – la mortalité infantile est trois fois plus élevée que dans le reste de la population – et ils souffrent d’un faible niveau d’instruction et de scolarisation. De ce fait, cette population indigène n’a pas accès à des emplois bien rémunérés, car la société panaméenne est essentiellement une société de services.”

Ce n’est pas la Suisse de l’Amérique Centrale

“Depuis l’extérieur, on voit un Panama très orgueilleux. On pense avoir affaire à la Suisse de l’Amérique Centrale, mais il faut aller voir derrière le miroir : 40 % des gens travaillent dans le secteur informel. Il y a un Panama profond où le développement n’arrive pas, alors que la coopération internationale diminue son aide, considérant désormais le Panama comme un pays développé,» explique Maribel Jaén, de la Commission Justice et Paix de l´Archevêché à la délégation de l’AED/ACN.  

Mgr Ochogavía, l’évêque du diocèse de Colón – Kuna Yala, constate ainsi que les différences régionales sont très importantes : “Les gens de Colón, qui souffrent d’un taux élevé de chômage, ont mauvaise réputation. Alors ils cachent leur origine quand ils cherchent du travail… Dans certaines familles, on ne mange qu’un repas par jour, sans accès à l’eau potable, aux soins médicaux. Des communautés n’ont qu’un WC pour vingt familles ! Cette population vit dans un cercle vicieux qui étrangle l’espérance”.

“Le défi, c’est le jour d’après”

Pour l’évêque, la force de l’Eglise panaméenne est son laïcat et l’impact des prochaines JMJ se fait déjà sentir : beaucoup de jeunes se sont engagés dans l’organisation de cet événement. “Ce ne sont pas seulement des catholiques, et il y a même des jeunes incroyants qui participent ! Les JMJ… une bénédiction pour la pastorale juvénile, mais aussi une occasion de travail pour de nombreux jeunes”.

“Le défi, c’est le jour d’après. Il faudra maintenir ce dynamisme des JMJ, travailler dans la continuité. Car il y a le risque que la tendance charismatique, très présente au Panama, ne prévale. Elle est souvent basée sur le superficiel, sur l’émotionnel, le sentimentalisme. D’où l’importance de former les fidèles, en particulier les jeunes, en matière de doctrine sociale de l’Eglise”, estime Maribel Jaén.

Mgr Ulloa espère lui aussi que ces Journées, avec la participation attendue de 400.000 jeunes, seront l’occasion de relancer et d’approfondir l’enseignement social de l’Église, car, estime-t-il, la petite Église panaméenne, qui ne compte que 6 diocèses, une prélature apostolique et un vicariat apostolique, a besoin d’un profond renouveau. C’est en ce sens qu’à été conçu l’application Docat, qui présente l’enseignement social de l’Église. Fournie par la Fondation Youcat (qui dépend de l’AED/ACN), elle vise à aider les jeunes à comprendre, dans leur langage et en répondant à leurs questions, cet important aspect de l’engagement chrétien.

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