Il y a 70 ans précisément, en décembre 1947, le Père Werenfried écrivait cet article intitulé « plus de place à l’auberge« . En plus d’être encore très actuel pour certains passages, ce texte restera majeur dans l’histoire de l’AED qu’il fondera au même moment.

Dans cet article paru dans la revue « Toren », mensuel de l’abbaye des Prémontrés de Tongerlo (Belgique), le Père Werenfried appelle à l’aide pour les 14 millions de réfugiés allemands expulsés de leurs foyers.

Voici quelques extraits:

«  Chers amis,

Lorsque Noël arriva pour la première fois, les chemins menant à Bethléem étaient pleins de monde. Des voyageurs qui se dépêchaient d’atteindre la ville du roi David afin de s’y faire inscrire pour le recensement ordonné par l’empereur Auguste. Avec les mains, les pieds et les coudes ils se défendaient pour avancer. Car ils savaient déjà que seuls les premiers arrivés auraient une chance de se procurer un gîte pour la nuit. Et comme cela arrive si souvent, cela se passa aussi à cette époque-là : les plus riches et les plus forts qui étaient à cheval ou à chameau ou qui disposaient d’un carrosse de luxe poussèrent de côté les petits sur leurs misérables ânes et passèrent avant dans les auberges. Et pour Marie qui portait Jésus en son sein, il n’y avait pas de place dans la maison où logeaient les voyageurs. (…)

Peu de choses ont changé. Il n’y a toujours pas de place pour le Christ. Parce que l’homme continue à être poussé par sa propre impatience. Et parce que, au fond, cela ne l’intéresse plus dès qu’il est lui-même au chaud et en de bonnes mains. (…)

Le monde dans lequel nous vivons est une folie. Un monde qui a considéré des siècles durant l’égoïsme sans pitié comme étant la sagesse la plus grande… et qui a, à plusieurs reprises, causé sa propre perte. Un monde plein de bêtes féroces et de criminels. Un monde, où, dans les petites choses comme dans les grandes, on a considéré que le propre MOI était plus important que l’amour. De César à Napoléon, d’Hitler à Staline et aux stratèges nucléaires américains, ça a toujours été la même chose et ça le restera sans doute. César a été assassiné. Napoléon est mort en exil. Hitler s’est tué d’un coup de feu. Mussolini a été pendu… Qui sera le prochain ? La violence et un égoïsme effréné mènent inévitablement à l’effondrement. Nous le savons. Nous l’avons nous-mêmes subis, et nous en supportons aussi nous-mêmes les conséquences. Cependant, comme si nous étions aveugles et fous, nous suivons toujours la même voie. La voie de l’égoïsme, dans les petites choses comme dans les grandes. (…)

L’Ecriture sainte contient une phrase tragique : « Il arriva sur Ses propres terres et les Siens ne l’accueillirent pas ». Pas de place pour Lui dans la maison où logeaient les voyageurs, parce que les « Siens » manquaient d’amour. C’est ici que se trouve la racine sombre des guerres et des dévastations. Et nous savons qu’Il est le Prince de la paix dont toute la Terre souhaite la venue, dont nous avons extrêmement besoin. Laissez-nous donc, au nom de Dieu, ramener l’amour qui Lui ouvre les portes et les cœurs. Parce que nous, les hommes, nous allons ensemble. Tous. Même les Allemands et les Communistes. Même les pauvres hères qui ont froid dans leurs bunkers. Même les réfugiés et les personnes déplacées. Nous devons créer de la place les uns pour les autres et nous aimer les uns les autres. Non pas comme mot d’ordre, mais par l’action. Comme Saint Martin. Il était à cheval. Un pauvre homme lui demanda l’aumône. Mais il n’avait plus rien. Ainsi, il prit son manteau et le déchira pour pouvoir en donner la moitié au pauvre. Et ce pauvre homme, c’était le Christ lui-même. Tous ceux qui sont pauvres, dans n’importe quel sens du terme, sont le Christ. Donnez donc des paquets de vêtements et de nourriture pour vos frères en Allemagne et ne leur demandez pas de rembourser la dernière livre de charbon. Donnez une chambre de votre appartement aux sans-abri. Réservez une place à votre table pour ceux qui ont faim. Et donnez tout votre amour et toute votre miséricorde, votre pardon et un visage aimable.

Saint Jean a écrit aux chrétiens : « Nous avons connu l’amour de Dieu en ce qu’il a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour les frères. Si quelqu’un possède les biens du monde et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et en vérité » (1 Jean 3, 16-18).

Tant que nous n’aurons pas fait cela, notre porte et notre cœur resteront fermés pour le Christ. Il n’y aura alors pas de place pour Lui chez nous ! Toutes les crèches de Noël, les sapins avec les bougies, les cheveux d’ange et les étoiles brillantes ne seront pas en mesure de réparer ces erreurs. Laissez-nous donc faire la paix les uns avec les autres dans nos cœurs, sur les décombres du pays de notre ennemi. Oublier les vieilles querelles. Nous donner la main dans la clémence et la bonté. Rétablir l’amour. Car le petit enfant qui pleure dans la crèche est Emmanuel, Dieu avec nous. Et Dieu est amour. »

Werenfried van Straaten, décembre 1947

 

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