Marc Fromager, directeur de l’AED, est à Marawi, aux Philippines, ville assiégée par les djihadistes durant 5 mois. Premier étranger à pouvoir pénétrer ce 11 janvier dans la ville depuis sa libération, il découvre avec l’évêque de la ville, Mgr Edwin de la Peña, la cathédrale saccagée, la ville détruite…Témoignage.

Jonathan Luciano (directeur AED Philippines), Mgr de la Peña, éveque de Marawi et Marc Fromager (directeur AED France)

L’année dernière, la capitale musulmane de 400 000 habitants a été envahie par les djihadistes prétendant être la branche locale de l’État islamique. Ils ont attaqué la cathédrale le 23 mai et kidnappé le curé de la paroisse qui s’est finalement échappé quatre mois plus tard. La ville a été assiégée pendant près de cinq mois puis entièrement détruite. L’accès au centre-ville est toujours interdit, trois mois après la fin de la bataille.

Agenouillé en silence

Ce jeudi 11 janvier 2018, une délégation restreinte comprenant deux directeurs nationaux de l’AED (Philippines et France) a pu entrer dans le périmètre initialement nommé Ground zero et maintenant appelé MAA (zone la plus touchée). La délégation était composée de civils, les premiers à entrer dans la région depuis la guerre, avec une lourde escorte militaire. Parmi la délégation se trouvait l’évêque de Marawi, Mgr Edwin de la Peña, pour qui c’était la première visite à sa cathédrale depuis le 22 mai 2017.
En s’approchant de l’église, son cœur s’est brisé. Il s’est agenouillé en silence devant l’autel dévasté. Tout a été endommagé, y compris les statues du Christ et de la Vierge Marie : impacts de balle, meubles liturgiques brûlés… (voir photos). La résidence de l’évêque, juste en face de la cathédrale et où il vivait depuis 16 ans, a été également totalement détruite.

Réconciliation possible ?

L’évêque de Marawi en prière dans sa cathédrale saccagée

Nous pouvions évidemment sentir l’anéantissement total de l’évêque mais plus tard, il nous a confié que sa priorité, plutôt que de reconstruire la cathédrale, est de faire revenir la population chrétienne de la ville. L’une de ses principales raisons de ne pas perdre espoir – et qui nous a vraiment touchés- est de voir que, parmi les volontaires qui travaillent avec l’Église catholique pour rétablir la confiance, il y a beaucoup de jeunes musulmans. En réalité, la plupart des volontaires sont des musulmans qui participent activement aux différents programmes proposés par l’Église.

Si tout ce cauchemar pouvait au moins faire apparaître une nouvelle génération de volontaires pour la construction de la paix, peut-être qu’un avenir semblerait possible.

L’évêque, les fidèles (les catholiques étant une infime minorité, plus ou moins 3%) et même les bénévoles sont très reconnaissants envers l’AED pour son aide et sa visite. Nous leur avons dit qu’ils peuvent compter sur notre soutien et leur avons aussi confié qu’ils ont une grande responsabilité: s’ils peuvent se réconcilier, ils apparaîtront comme des modèles pour d’autres régions du monde vivant les mêmes tensions.

Ce fut un voyage profondément émouvant, passant par une sorte de vision désespérée de l’enfer à la promesse d’une résurrection. Une intention de prière que nous gardons.

Marc Fromager (directeur AED France)
Philippines, île de Mindanao, ville islamique de Marawi, le 11 janvier 2018.

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