Lettre du Cardinal Philippe Ouédraogo à l’Église du Burkina Faso

Extrait de Duc In Altum n°130 du mois d’Avril 2020, pp 4-6.

« Chers Curés et Responsables d’Institutions,
Fils et filles de l’Église Famille de Dieu à Ouagadougou,

Que la paix du Seigneur soit avec vous !

Je voulais vous adresser un message de proximité, de réconfort et d’encouragement quand, ayant fait le test par suite de sentiment de malaise prolongé, il s’est révélé que j’ai contracté le virus comme vous l’avez appris à travers les notes que j’ai fait envoyer. Restant dans cette logique, je voudrais vous adresser ce message pour vous rassurer et pour  vous inviter surtout à la prière et à l’observation des mesures prises aussi bien par les autorités  civiles que par vos pasteurs pour vous accompagner durant ce temps d’épreuves afin  qu’ensemble nous contribuions à l’arrêt du fléau qui frappe notre pays et le monde entier. (…) Les paroisses d’habitude bien animées semblent maintenant désertes et sans activités particulières. Sachons profiter de ce « désert » pour nous « vider de tout ce qui n’est pas Dieu » et pour nous remplir de Lui et pour plus de sollicitude pour les autres.

Au regard de cette situation inédite et sans précédent, je salue les initiatives déployées par les Curés et par les uns et les autres pour garder le lien, non seulement avec le Seigneur, mais aussi avec les fidèles. Ainsi, comme le stipule les recommandations, les messes ne sont pas supprimées, mais c’est la participation publique qui est suspendue. Certains fidèles continuent de demander des messes qui sont célébrées aux heures habituelles de célébration. De plus avec la création des comptes Facebook, WhatsApp et autres, certains fidèles peuvent continuer de suivre les messes célébrées par leurs pasteurs, leur poser des questions, partager ce qu’ils vivent et obtenir des paroles d’encouragement. Je salue toutes ces initiatives qui sont soutenues et rehaussées par la redécouverte et la promotion des célébrations et autres prières en famille que j’encourage fortement.

Vivre dans le Seigneur en temps de Covid-19
La maladie à Covid-19 a remis au goût du jour le mot « quarantaine ». Cela n’est pas sans rappeler le Carême, qui est la sainte quarantaine. Puisque « tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu », faisons en sorte que ces temps que nous vivons ne soient pas des moments de vides, d’ennui ou d’isolement. Profitons de l’occasion pour développer et approfondir notre intimité avec Dieu en recourant aux exercices spirituels, soit de façon personnelle ou en famille. C’est ainsi que, malgré le confinement qui nous est plus ou moins imposé, nous pourrons vivre autrement le reste du temps de Carême et surtout la Semaine Sainte toute proche : en communion spirituelle mais réelle avec les célébrations qui seront assurées en privé par les prêtres mais relayées par les médias et les autres moyens de communication. Pour vivre cela avec profit, suivons les consignes de la Congrégation pour le Culte Divin que la Commission Diocésaine de Pastorale Liturgique vous précisera.

Pour ce qui me concerne : je voudrais vous rassurer que la situation ne présente pas de signes alarmants. Comme vous le voyez, tout le monde est susceptible de contracter, de mille manières, cette maladie extrêmement contagieuse. C’est pourquoi je vous réitère l’exigence de n’épargner aucune mesure de prévention pour vous mettre à l’abri de cette pandémie. Comme saint Paul de sa prison ou sainte Thérèse de Lisieux de son lit de malade, j’expérimente que chacun de nous, quelles que soient les contraintes de la vie, peut et doit continuer de rendre compte de l’espérance que nous avons reçue (cf. 1 P 3, 15).

En vous exhortant à ne pas baisser les bras ni désespérer de la situation, je vous invite à entrer dans la Semaine Sainte en méditant sur le silence de Dieu. Nous pouvons l’imiter en contemplant le Christ qui s’est tu face à la trahison et au reniement, face à la condamnation injuste, face aux moqueries, face aux coups et blessures et face à l’humiliation suprême, celle de la mort. C’est de ce silence ultime, face aux pourquoi et aux comment de ses disciples que la voix de l’ange s’est faite entendre : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il est ressuscité ! »

Prompt rétablissement à tous les malades, paix à notre pays et que le Seigneur vous bénisse tous ! »

+ Philippe Cardinal OUEDRAOGO
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou

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