Catégorie
Construction et équipement
Pays
Cameroun
Date de lancement
avril 2015

Mgr Bruno Ateba, évêque de Maroua-Mokolo (Cameroun), déplore que les violences perpétrées par le groupe terroriste Boko Haram dans le nord du Cameroun à la frontière avec le Nigeria passent sous silence. « Ce qui s’est passé à Paris, lors des attentats, nous le vivons tous les jours ici et personne n’en parle dans le monde. » Le monde entier tourne plutôt son regard vers le Proche-Orient. Or, depuis juillet 2014, des attaques ont eu lieu presque sans interruption. Rien que dans son diocèse, deux employés du diocèse, trois catéchistes et plus d’une trentaine d’autres chrétiens ont été tués depuis le dernier trimestre de l’année 2014. À cela s’ajoutent de nombreux enlèvements.

Position des musulmans face à Boko Haram
Beaucoup de musulmans sont également victimes. Dans plusieurs localités, des mosquées ont été incendiées et des imams égorgés parce qu’ils ne voulaient pas suivre les consignes de Boko haram. La communauté musulmane camerounaise, depuis décembre 2013, se positionne de plus en plus clairement contre Boko haram, lui refusant toute autorisation de « se prétendre musulman ».

Au cours des trois dernières décennies, un changement de l’Islam s’est dessiné dans le nord du Nigeria et le nord du Cameroun.


Il est dû à une influence salafiste / wahhabite, fortement encouragée et financièrement soutenue par l’Arabie Saoudite et plus récemment aussi par le Qatar. À cet égard, de plus en plus d’étudiants sont envoyés en Arabie saoudite, au Soudan ou au Niger. « N’oublions pas que c’est bien cet islam saoudien qui a donné naissance et nourri ces monstres terroristes de Al-Qâida, Al-Nosra, État islamique, Boko haram…», peut-on lire dans le document. Toutefois, « ce vent de réforme islamique qui est en train de changer le visage de l’islam de notre région, ne veut pas encore dire islamisme radical. Ce réformisme devient islamisme radical dès qu’il adopte un projet politique précis de société islamique. Dans le nord du Cameroun, la communauté musulmane n’a pas franchi la limite consistant à avoir le projet politique d’imposer une société islamique dans notre région ». De plus en plus de rencontres interreligieuses entre chrétiens et musulmans ont lieu. « C’est avec eux que nous portons cette souffrance », écrit l’évêque. Il arrive souvent que des musulmans aident des chrétiens qui sont en danger.


Dans le passé, des villages situés dans le nord du Cameroun, à la frontière avec le Nigeria, ont déjà servi de bases de retrait à Boko Haram, permettant aux terroristes de trouver refuge et d’échapper à l’armée nigériane. Avec le temps, de plus en plus d’armes de contrebande ont été introduites dans la région. En outre, Boko Haram a profité des élections : pendant leur préparation, les terroristes ont fraudé pour obtenir des passeports camerounais dont ils se servent aujourd’hui pour contourner les contrôles et pouvoir séjourner au Cameroun sans être inquiétés. Le fait que beaucoup de policiers locaux soient corrompus et délivrent de fausses cartes d’identité contre le paiement d’une somme d’argent, cinq à sept fois plus élevée que le tarif officiel, est également préoccupant, car cela signifie que « des personnes indésirables peuvent entrer dans le pays ».

Les premiers avertissements ont été donnés par l’enlèvement d’une famille de français en février 2013, puis du prêtre français Georges Vandenbeusch en novembre de la même année. Des attaques ont eu lieu presque sans interruption depuis juillet 2014, et spécialement entre le 24 décembre 2014 et le 8 janvier 2015 où « le calme n’a pas prévalu une seule journée. » Des hommes lourdement armés, roulant à trois ou quatre par moto, « sèment la panique » dans la région. On observe une « certaine professionnalisation » des combattants. L’usage des mines depuis fin octobre a marqué une étape dans la stratégie de terreur mise en place par Boko haram, portant ainsi un grand coup au moral des troupes camerounaises.

Des enfants enrôlés de force

Un gros problème consiste également dans le fait que Boko Haram enrôle des jeunes âgés de 5 à 15 ans en offrant des incitations financières aux familles, ou les enlève par la force et les oblige à servir de « chair à canon », relate l’évêque. En quelques mois, selon les données de décembre 2014, ce sont déjà deux mille enfants et adolescents camerounais concernés, dont des filles parmi eux.

Par ailleurs, plus de 110 écoles et 13 centres de santé ont été fermés, et des postes de police ont été détruits. Plus de 55.000 personnes ont pris la fuite rien que dans le diocèse de Maroua-Mokolo. Beaucoup ont trouvé à se loger auprès d’amis ou de parents, et plus de 22.000 ont trouvé « refuge » quelque part en pleine nature. La situation à Amchidé, où tous les habitants ont fui après plusieurs attaques de Boko Haram, est particulièrement inquiétante. La chapelle a été incendiée, et des témoins rapportent qu’on trouve des crânes humains dans les rues.

Mgr Ateba, évêque de Maroua-Mokolo, lance un appel à la communauté internationale : « Aujourd’hui, nous implorons votre attention, votre prière et votre aide. Aidez-nous à faire cesser cette brutalité sans nom qui détruit tout espoir d’avenir et réduit à néant le travail de plusieurs générations de croyants qui travaillent ensemble ».

« Cependant nous notons avec admiration que, malgré la peur et le danger, de nombreuses communautés chrétiennes continuent à se rassembler pour la prière, comme autant de petites lucioles de foi allumées dans la nuit ».

Avec 14 900 €, l’AED pourrait soutenir la construction d’une grande salle pour 5200 réfugiés catholiques du camp de Minawao. Ils vont pouvoir s’y réunir pour prier, assister à la messe, et être écoutés par des prêtres.
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