Le 2 juin dernier, l’assemblée épiscopale provinciale de Bukavu a appelé à « revêtir un homme nouveau », après avoir tour à tour dénoncé les arrangements politiques, les bandes armées et les prédateurs qui mettent en péril le développement de la région et de ses habitants. La congrégation des Sœurs de la Résurrection entend répondre à cet appel.

Dans une région particulièrement dangereuse à l’est de la République démocratique du Congo, à la frontière du Rwanda, Bukavu a été rendue célèbre par Mgr Christophe Munzihirwa, son archevêque, dont le procès de béatification est en cours : il avait été assassiné le 29 octobre 1996 pour son engagement aux côtés des réfugiés du Rwanda. Et depuis, la situation ne s’y est guère améliorée, témoigne auprès de l’AED sœur Pétronelle Nsimiré, prieure des filles de la Résurrection pendant douze ans (2004-2016), à Bukavu, lieu de la fondation du premier prieuré de la congrégation.

Servir, dans une région éprouvée

Fondée en 1966 à l’initiative de sœur Hadewych Ryckebusch, une religieuse belge frappée par la misère du peuple et désireuse de permettre à des jeunes femmes d’être au service de leur pays, Les Filles de la Résurrection n’ont jamais quitté cette région qui est une des plus dangereuses d’Afrique. Dans une région particulièrement riche en ressources naturelles, les querelles politiques et la détresse de la population sont de tristes constantes depuis des décennies ; on déplore plus de 6 millions de morts depuis 1994 et de très nombreux déplacés et réfugiés.

En 1996, alors que la guerre éclate, la congrégation fait face au pillage de ses maisons et au meurtre de neuf religieuses. « Trois d’entre elles ont été exécutées au Kasika, le 24 août 1996 : elles étaient restées auprès des femmes en travail qui allaient donner la vie ; pendant la messe d’action de grâce, les rebelles les ont massacrées. Six autres ont été massacrées, au Rwanda, dans la nuit du 7 au 8 janvier 1996, après l’adoration », se souvient sœur Pétronelle Nsimiré.

« Là où les autres ne veulent pas se rendre, c’est là où nous allons »

Semi-contemplative, pastorale et caritative, la congrégation vient au secours des personnes en marge de la société, des plus démunis, « des plus pauvres des pauvres », explique le père Floribert Bashime, assistant spirituel de la congrégation. « Là où les autres ne veulent pas se rendre, c’est là où nous allons », résume Mère Floride Bugagara, actuelle prieure de la congrégation. Celle-ci assume ainsi la catéchèse, l’accès aux soins, l’éducation des enfants, la prise en charge des enfants mal nourris – dont la situation, confie sœur Pétronille, émue, est « atroce ». Un engagement qui permet de « faire comprendre aux enfants que le mal ne peut prévaloir sur le bien, que l’on doit vivre en se pardonnant, jour après jour, et qu’il faut adopter un cœur de réconciliation », souligne sœur Pétronille.

L’insécurité a poussé les populations à s’entasser dans les villes, et notamment à Bukavu, déplore sœur Pétronille, et la misère se nourrit de cet incessant exode. Aujourd’hui surpeuplé, Bukavu ne parvient pas à assumer l’éducation des enfants et les infrastructures scolaires font défaut. Un drame auquel l’Eglise ne saurait rester indifférente, exprime Mgr François-Xavier Maroy Rusengo, archevêque de Bukavu, qui a chargé la congrégation de construire une école primaire, dans un quartier très démuni de la ville, à Panzi. Mère Floride s’est alors tournée vers l’AED, que les Filles de la Résurrection connaissent bien : le père Werenfried van Straaten, fondateur de l’Œuvre, a participé à la fondation de la congrégation et en a longtemps été l’assistant spirituel. La générosité d’un donateur permet de prendre en charge la construction d’une école primaire qui accueillera 300 enfants. Plus tard, Mère Floride souhaite entreprendre la construction d’une école secondaire.

Direction Kindu

En 2013, la congrégation s’est implantée à Kindu, à 400 km à l’est de Bukavu, à l’invitation de l’évêque des lieux, Mgr Willy Ngumbi Ngengele, au service d’un diocèse qui compte plusieurs paroisses en pleine forêt. Sept religieuses ont ainsi commencé leur mission « au milieu d’un peuple qui a tant souffert durant les guerres répétées à l’est du pays où les conséquences sont néfastes et les blessures profondes », écrit ainsi sœur Annie-Maria Mbila Wabenga. La congrégation entend désormais y développer un prieuré autonome et devrait désigner sa mère prieure cet été. Pour assumer pleinement ses missions, elle a sollicité l’assistance de l’AED.

Fondée en RDC, la congrégation s’est développée dans cinq autres pays : au Rwanda, au Cameroun, au Brésil, en Italie et en France, à Dunkerque. 223 religieuses viennent ainsi en aide au quotidien à des milliers de personnes. Et 50 jeunes filles sont actuellement en formation pour rejoindre la congrégation.

De passage à l’AED, Mère Floride a tenu à délivrer un message aux bienfaiteurs de l’Oeuvre :

« Je veux vous remercier et vous encourager. Vous avez compris l’amour du prochain, vous vous privez pour que d’autres puissent vivre ; je vous demande de ne pas vous fatiguer, de continuer à soutenir l’œuvre de l’AED. Quand vous aidez quelqu’un dans le besoin, vous donnez la vie. Nous prions pour vous, pour que le Seigneur vous protège de tout danger, du corps et de l’âme, pour venir en aide aux nécessiteux. »

 

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