Photo 062Dans un message adressé aux fidèles, les évêques congolais partagent leurs inquiétudes et leurs espérances vis-à-vis de la situation chaotique que connaît la République Démocratique du Congo. Alors qu’insécurité et corruption enfoncent le pays dans un cercle vicieux, les évêques appellent la population à se réveiller, rappelant que « la solution globale à la crise actuelle ne tombera pas du ciel ». Ils invitent à prier pour la RDC le 31 mai, jour de la Visitation de Marie à Élisabeth.

Le 13 mai, jour du centenaire des apparitions de la Vierge à Fatima, les évêques congolais ont publié un message « aux fidèles chrétiens, à la population congolaise et aux hommes de bonne volonté ». Rassemblés à Uvira pour l’occasion, ils ont exprimé leur reconnaissance pour l’accueil réservé par la population, à leur arrivée. Ils ont remarqué le désespoir des Congolais : « Nous lisions sur tant de visages l’expression de l’anxiété de tout le peuple congolais, qui se sent abandonné par l’État. » Des commentaires filtraient de la foule à propos des élections prochaines, du chômage, de la dégradation des routes ou encore de l’insécurité… Cela révèle, pour les évêques, une « attente palpable d’un message d’espoir et de vie dans une situation de détresse généralisée. »

Les évêques ont posé, en guise de préambule, une question : « Frères, que devons-nous faire ? » (Ac 2, 37) Avant d’y répondre, ils ont tenu à souligner les raisons de rendre grâce et d’espérer, malgré tout. À commencer par le témoignage des martyrs congolais : « Notre Église admire la fidélité héroïque de certains de nos fidèles chrétiens qui, hier et aujourd’hui, ont œuvré dans des situations difficiles, en zones de guerres ou d’insécurité, souvent en payant de leur vie. »

Enracinement de la foi dans l’histoire de la RDC

080Les évêques se sont également réjouis de la création de nouvelles paroisses et de la construction en cours de la cathédrale de Goma, remarquant que « l’Église célèbre l’enracinement de la foi dans notre histoire, dont témoigne le centenaire du diocèse de Kindu ». Enfin, les évêques se sont réjouis de la signature d’un Accord Cadre entre le Saint-Siège et l’État congolais le 20 mai 2016, ainsi que de l’accord de la Saint-Sylvestre, signé le 31 décembre 2016 et assurant une fragile stabilité au pays en vue des élections à venir.

Climat anarchique

Conscient de la détresse de la population, les évêques déplorent l’insécurité généralisée, la grave corruption et l’incompétence de l’État congolais, qui favorisent un climat anarchique propice à la balkanisation : « La dégradation des conditions sociales est consécutive, entre autres, à la dévaluation de la monnaie qui entraîne la diminution du pouvoir d’achat et l’explosion du chômage des jeunes, favorisant la grogne sociale, le banditisme et le recrutement des jeunes dans les innombrables milices. L’insécurité entretient la pauvreté, entraîne le dépeuplement des campagnes et contribue à une urbanisation sauvage. » Les évêques regrettent également que ce climat social engendre de graves traumatismes : « le nombre de malades mentaux augmente de manière significative, nécessitant des soins appropriés qui manquent cruellement. »

« Pour l’amour de Sion, je ne me tairai pas. »

Scandalisés par la corruption des cadres politiques qui recherchent leurs intérêts privés au détriment des affaires publiques, les évêques signalent qu’un députéPhoto 109 national touche « l’équivalent de 169 enseignants du secondaire, de 270 militaires ou de 7 professeurs d’universités ». Ils demandent également comment sont utilisées les taxes prévues pour l’entretien régulier des routes, qui pourtant se dégradent : « C’est une honte pour le pays », déclarent-ils. « Un jour ou l’autre, il faudra bien qu’on en rende compte ! »

Face à cette impasse, les évêques ne veulent pas baisser les bras : « Nous avons déjà beaucoup parlé et écrit, à temps et à contre temps, pour tirer la sonnette d’alarme ! Nous avons même organisé des moments forts de prière pour invoquer la grâce du Très Haut en faveur du nécessaire changement de mentalité et de la conversion des mœurs. Mais les fruits tardent à venir. Pourtant, au nom de notre foi en Jésus-Christ et de la vérité, il nous est impossible de nous taire. » Les évêques appellent à « élever la voix » (« Pour l’amour de Sion, je ne me tairai pas. » – Is. 62, 1) et à « se réveiller » pour « ne pas abandonner la mission noble de la politique à certains leaders irresponsables ». 

La violence entraîne la violence

Enfin, ils souhaitent que la sortie de crise se déroule « dans la non-violence et la réconciliation citoyenne, car la violence entraîne la violence », invitant les multiples 074 Exhibition 1groupes armés à convertir « leur mobilisation armée en engagement politique et social au bénéfice du bien commun. » À ces milices qui écument le pays, comme aux politiciens actuels, les évêques demandent : « Nous prions le Seigneur pour eux, afin qu’ils convertissent leurs cœurs et leurs mœurs. Qu’ils réapprennent à être fiers d’un service bien rendu ; […] Qu’ils réapprennent à rendre leur pays respectable et respecté. Qu’ils cessent de faire le mal […] et qu’ils vivent ! » 

Rappelant que « Le Christ a vaincu la mort », les évêques congolais invitent à se libérer de la peur de la mort en prenant « exemple sur les modèles de courage et d’héroïsme de nos Martyrs ». Appelant à « cultiver les valeurs chrétiennes de la gratuité et du sacrifice », ils invitent à rester vigilants dans la prière. L’AED se joint à cette journée de prière et de solidarité pour la RDC. Que la Vierge les protège et intercède pour eux, en ce 31 mai, fête de la Visitation.

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