« Notre problème, c’est que nous commençons à être autosuffisants et à oublier le vrai Dieu. Nous devons nous convertir, revenir au vrai Dieu qui nous a aimés et s’est livré pour nous. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il y aura réconciliation »

Éthiopie, mars 2016. Image d’archives – réfugiés érythréens. Camp de Hitsatse – Credit: ACN/Magdalena Wolnik

La situation d’urgence humanitaire est grave, en raison du conflit politique qui a éclaté en novembre dernier entre le gouvernement national et le parti nationaliste « Front de Libération du Peuple du Tigré » (FLPT) et qui a donné lieu à une intervention militaire brutale et sanglante des troupes du gouvernement fédéral éthiopien et des troupes alliées érythréennes dans la région du Tigré, dans le nord de l’Éthiopie.

« La faim et la peur font des ravages. La situation actuelle est toujours celle d’une guerre dévastatrice qui fait rage dans presque toute la région du Tigré », explique un prêtre éthiopien de la région nord du pays à l’AED. Pour des raisons de sécurité, l’AED préfère ne pas mentionner le nom du prêtre.

Le plus grand défi pour la population est « l’absence de libre circulation », dont la conséquence est qu’il n’y a « pas de services publics officiels, pas assez de nourriture, pas de médicaments, pas de sécurité, pas de confiance. »

« Les gens sont à bout. »

Au cours de la conversation téléphonique que la fondation AED a pu avoir avec lui après cinq mois d’absence totale de communication avec l’extérieur, il insiste sur le fait que « la situation ne cesse de se détériorer » et que « les gens sont à bout ». Les enfants et les orphelins souffrent particulièrement à cause de la malnutrition et des abandons. Il évoque également les mères qui « viennent demander de l’aide parce qu’elles ont perdu leurs enfants et ne savent pas où ils sont ». « Je ne trouve pas les mots pour décrire la souffrance : il y a beaucoup de désespoir, les gens sont traumatisés ». « La majeure partie du Tigré est privée d’Internet, et si Internet fonctionne, ce n’est que de façon intermittente. L’électricité se fait rare », explique le prêtre – et de fait, la communication avec l’AED ne cesse d’être interrompue.

Sans indiquer l’endroit exact où il vit, afin d’éviter les représailles, le prêtre confirme qu’au cours des derniers mois, « les trois curés de sa région ont été menacés et frappés, les propriétés paroissiales ont été entièrement pillées par des soldats et des centaines de personnes ont été brutalement massacrées ».

« L’Église n’a jamais cessé de faire son travail. »

Éthiopie – Addis Abeba – 2016 Aide financière aux activités pastorales du bureau de la pastorale des jeunes : adoration eucharistique à la lueur des bougies – Credit: ACN/Magdalena Wolnik

Malgré toutes ces difficultés, « l’Église n’a jamais cessé de faire son travail » dit-il. Elle continue de « prendre soin de ses fidèles en prenant les précautions nécessaires, en choisissant l’heure et le lieu des rassemblements car il reste dangereux de se déplacer ».

Malgré les grandes souffrances et la peur que vit la population du Tigré, le prêtre prépare avec ses fidèles la fête de Pâques, que l’Église catholique éthiopienne – tout comme l’Église orthodoxe – célèbre le 2 mai selon le calendrier de rite oriental. Malgré les souffrances, le prêtre veut rappeler à ses paroissiens que « Dieu est fidèle à ses promesses, à ses saintes paroles et à son amour infini pour l’humanité qu’il a créée à son image et à sa ressemblance. Dieu est amour, même si ses voies mystérieuses sont pour nous incompréhensibles. Ce qui est ténèbres pour l’humanité pourrait être lumière pour Lui. Ce qui nous paraît être une vraie mort pourrait signifier pour Lui la vie éternelle ».

Le Tigré, dans le nord, est l’une des régions les plus développées du pays avec une foi chrétienne qui remonte aux origines du Christianisme : « Notre problème dans le nord, c’est que nous commençons à être autosuffisants et à oublier le vrai Dieu. Si nous sortons Dieu de nos vies, la mort arrive. C’est ce qui est en train de se passer actuellement. C’est un chemin totalement différent. Nous devons nous convertir, revenir au vrai Dieu qui nous a aimés et s’est livré pour nous. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il y aura réconciliation ».

« La ré-évangélisation commence par les familles. »

Son rêve est de travailler pour y parvenir. Il explique ce chemin en quelques mots : « Créer un projet de développement de la jeunesse, car la jeunesse est la colonne vertébrale de toute la transformation de la société, tant spirituellement qu’économiquement. La ré-évangélisation commence par les familles. Nous devons commencer par former les jeunes ».

Éthiopie, octobre – novembre 2017 Tribu Desanetch, village Omorate de la vallée de l’Omo, première évangélisation. Fillette avec une croix de cou. Credit: ACN/Magdalena Wolnik
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