Cet été, l’AED vous propose de découvrir les vies héroïques de témoins de l’Espérance, que ce soit en Algérie, en Roumanie, ou ailleurs, à travers une série de portraits. Aujourd’hui, voici celui d’Alexandru Todea, qui a fait preuve d’une foi indomptable.

Alexandru est né en 1912 en Transylvanie, alors dans l’empire austro-hongrois, au sein d’une famille pauvre. Il finance lui-même sa scolarité, passe son baccalauréat, puis est admis au séminaire de Blaj et termine ses études à Rome. Curé de Reghin quand la persécution s’abat sur son Eglise gréco-catholique, il anime la résistance spirituelle après l’arrestation de tous les évêques. Il passe dans la clandestinité après avoir été consacré évêque à Bucarest. Il est repéré par la police politique en 1951. Aussitôt conduit à Bucarest, il est incarcéré et soumis à treize mois d’interrogatoires. Il se souvient d’une fois où il se retrouve devant le chef suprême de la Securitate, le général Nikolski, un soviétique, accompagné de 14 responsables des services et raconte : « Nikolski me dit : ‘Comme personne au 20ème siècle ne meurt plus pour sa foi, alors vous devez reconnaître avoir organisé les prêtres et les fidèles dans le but d’anéantir les communistes, et de les avoir préparés à une invasion anglo-américaine’. Je lui répondis ‘Puis-je auparavant appeler un psychiatre ? – Pourquoi ?  – Afin de constater qui d’entre nous est fou, moi, vous ou nous tous ? ». Comme il refuse de signer sa renonciation au catholicisme, il doit rester des heures debout sur un pied, les bras levés. Lors de son procès devant la Haute Cour militaire de Bucarest, il est accusé de haute trahison et condamné le 15 févier 1952 à la prison à perpétuité – échappant ainsi de justesse à la peine de mort réclamée par le procureur.

Il connait la terreur des camps roumains pendant treize ans, mais sa foi est indomptable. On lui promet la métropolie de Transylvanie s’il passe à l’Orthodoxie : « Mais je n’avais rien à gagner ; en effet j’étais déjà chef : on m’avait nommé chef de la brigade des détenus chargés du nettoyage des latrines ! ». Les tortures se poursuivent ; une fois, on le laisse pendant sept jours sans boire, exposé à l’étouffante chaleur du soleil.

En 1964, il est libéré sur la pression de l’Occident.  Il réorganise son Église dans la clandestinité, ordonne des prêtres, soutient les familles de ceux qui sont morts ou arrêtés. Dès 1965, l’Aide à l’Église en Détresse lui fait parvenir une aide secrète, pour lui et plus de 500 prêtres clandestins et leurs familles. On vient le voir de loin, malgré la surveillance dont sa petite maison fait l’objet. Il célèbre clandestinement dans des maisons amies, changeant tous les dimanches. Arrêté, il dit à ceux qui l’interrogent : « Vous n’êtes pas de force à lutter avec moi. Que pouvez-vous faire contre moi ? Quelles menaces ? Je ne risque rien car je n’ai rien à perdre, ni travail, ni argent, ni liberté – vous avez déjà tout pris. Je m’étonne même d’être encore en vie. Vous voyez, vous ne pouvez pas lutter avec moi ». Deux ans avant la fin du communisme, il réunit déjà chaque dimanche plus d’un millier de fidèles.

En 1989, quand Ceausescu tombe, Mgr Todea est confirmé comme chef de son église et, nommé cardinal en 1991, la dirige jusqu’à ce que sa santé ne le lui permette plus. Il est décédé en 2002.

 

Didier Rance, Roumanie, Courage et fidélité, Edition AED, 1994, et A travers la grande épreuve, Artège, 2016

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