Retrouvez le témoignage de sœur Floride

L’ordre des Filles de la Résurrection a été fondé en 1966 dans le diocèse de Bukavu à l’initiative de sœur Hadewych Ryckebusch de l’ordre des chanoinesses régulières du Saint Sépulcre avec le père Werenfried Van Straaten (ordre des piémontais). Nous avons pour vocation  d’être au service des démunis dans la période d’après la guerre de 1964 qui a laissé une grande misère au Kivu (est de la République Démocratique du Congo).

Son parcours

Je suis entrée chez les Filles de la Résurrection très jeune en 1971 puis j’ai suivi le parcours postulat, noviciat… J’ai prononcé mes premiers vœux en 1975 puis les vœux perpétuels en 1984. J’ai assumé de grandes responsabilités dans mon prieuré, de 1983 à 1985 au sein du conseil restreint (sous-prieuré) et de 1993 à 1998 en tant qu’élue comme mère prieure.

Sa mission en RDC (République Démocratique du Congo)

C’est une mission qui m’a donné la joie d’être au service de mes consœurs et des plus pauvres des enfants de Dieu. C’est une mission exercée dans le diocèse de Bukavu en collaboration avec l’archevêque du lieu. Les Filles de la Résurrection sont intégrées aux différents services du diocèse. Par exemple, c’est aux Filles de la Résurrection qu’est confiée la préparation des hosties. Elles travaillent à La Procure du diocèse, au centre diocésain de pastorale catéchétique et liturgie (CDPCL). Nous travaillons en bonne collaboration avec le diocèse de Bukavu.

Pendant mon premier mandat, c’est vraiment Dieu seul qui nous a sauvées. A partir de 1994, période du génocide au Rwanda, beaucoup de Rwandais se sont réfugiés à l’est du Congo et c’est cette même guerre qui continue aujourd’hui.

Nous avons tout perdu. Nos communautés ont été pillées et fermées à partir de 1996 date à laquelle Mgr Munzihirwa été assassiné. Notre prieuré de Mirhi fut pillé de fond en comble. Mais grâce à Dieu, nous avons toutes survécu. Nous avons dû fuir. Mais grâce au soutien spirituel et matériel de l’AED nous avons pu, par la suite, reprendre notre vie au prieuré.

Nous vivons depuis lors dans un pays en guerre et dans la violence. Nous sommes la force spirituelle, morale de la population et matérielle, quand nos moyens, qui sont très limités, le permettent.

Les gens viennent se réfugier auprès de nous, en quête de réconfort. Notre église de Bukavu, unie à ses ouvriers apostoliques, est la force de ce peuple meurtri par la guerre et la violence. Nous ouvrons nos portes et nos cœurs pour que les gens y trouvent consolation et soutien.

EX : Nous avons perdu neuf de nos Sœurs depuis cette guerre qui a commencé en 1994. En 1998, six de nos sœurs ont été massacrées à Busasamana, au Rwanda avec quelques personnes réfugiées. Les  Sœurs s’occupaient alors de célébrer la Parole et de donner la communion car la paroisse n’avait plus de prêtre.

{Les sœurs avaient refusaient de fuir « pourquoi fuir, nous ne faisons pas de politique. Notre mission est de servir les gens quelle que soit leur ethnie » Ce fut leur perte, elles n’avaient pas fait la différence entre les Tutsi et le Hutu}

Dans le diocèse d’Uvira, les Sœurs devaient sauver une maman en danger avec son bébé pendant l’accouchement. Quand elles sont entrés  dans l’église, elles ont été tuées ainsi que l’abbé et le séminariste et de nombreux chrétiens. Donc vous comprenez notre engagement envers notre peuple et notre travail dans l’extrême violence. C’était ma mission à Bukavu avant ma mission au Cameroun.

En 2000, nous avons ouvert une première mission au Cameroun, précisément à l’est du Cameroun sur demande de l’archevêque.

Le 06 octobre 2000, nous avons été accueillies sur le sol camerounais et le 7 octobre 2000, l’archevêque Mgr Roger Pirenne d’heureuse mémoire nous a accueillies à Bertoua, notre lieu de mission. Cette mission nous a ouvert à une autre culture. Pour moi c’est vraiment dur de laisser mon peuple et d’aller servir dans un pays inconnu. La mission du Cameroun m’a fait comprendre la parole de l’Évangile : « Qui a mis la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas digne de suivre Jésus. » (Luc 9:62) et l’autre parole de l’Évangile qui nous dit celui qui aime son père, sa mère et ses frères plus que moi n’est pas digne de moi. (Mt 10 :37).

Ce sont ces Paroles qui m’ont accompagnée durant ma vie missionnaire. J’ai expérimenté qu’être missionnaire loin de son pays est une mort. Là on ne partage ni les joies, ni les peines avec ses proches. C’est une nouvelle vocation qui m’a invitée à renoncer à ma famille biologique, à mon peuple et à former une nouvelle famille spirituelle et à rencontrer un nouveau peuple que je dois servir comme mon propre peuple et ma propre famille. Quand je suis arrivée à Bertoua, nous étions quatre Sœurs. Personnellement je me suis sentie dépaysée en tout. La culture est tellement différente de celle de Bukava, la mentalité différente. Même la nourriture était nouvelle pour nous. Au début c’était tellement difficile, nous avons logé à quatre  Sœurs dans un ancien séminaire. Là, je ne comprenais pas encore ma mission. Mais petit à petit, je me suis disposée à la volonté de Dieu en lui demandant la grâce de m’adapter et d’aimer les Camerounais comme mes frères et sœurs car c’est dans leur pays que j’étais envoyée comme apôtre de Jésus. Avec la grâce de Dieu et l’aide des autres Camerounais rencontrés, je me suis sentie engagée dans une nouvelle vocation missionnaire qui m’a rendue heureuse malgré les peines rencontrées. Je me suis engagée dans un centre de santé et maternité comme si j’étais à Bukava. Je me suis sentie camerounaise parmi les Camerounaises. Je me suis mise à leur service en mettant notre charisme en pratique : être au service des plus pauvres. Là j’ai compris que je devais me soumettre à la volonté de Dieu. Je me suis imprégnée de leur culture et en servant tout le monde sans distinction, je me suis plongée dans le projet de Dieu, en m’engageant corps et âme au service de mes frères camerounais. Dieu merci, grâce au projet adressé à l’AED nous avons construit notre communauté en quittant ce grand bâtiment qu’est l’ancien séminaire. Nous avons gardé de bonnes relations et nous avons travaillé d’un seul cœur, dans l’unité, la paix et la joie. J’ai été responsable de ce grand centre de santé en travaillant avec les catholiques, les protestants, les musulmans et les « sans religion ». C’était une belle expérience. Nous avons prié ensemble, mangé ensemble, travaillé ensemble. Notre lien était fort. Nous avons fait des projets pour agrandir les œuvres du diocèse, dans le domaine de la santé mais aussi dans celui de la formation professionnelle. Nous avons construit le grand centre de santé et un centre de formation pour la promotion de la femme camerounaise…

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A travers notre engagement dans la pastorale, la catéchèse, l’accueil des visiteurs et les soins aux personnes malades et vulnérables, je dis que nous avons fait ce qui était en notre pouvoir pour ce peuple camerounais en les aimant et en le servant comme notre propre peuple. Ce que nous avons vécu ensemble en témoigne. Je ne me sentais plus congolaise, mais camerounaise car nous avons partagé leurs joies et leurs peines.

La vie nous réserve bien des surprises et alors que nous étions déjà à l’aise dans notre mission à Bertoua, vint l’heure de la retraite pour  l’archevêque Pirenne d’heureuse mémoire. Voilà un nouvel archevêque qui arriva à Bertoua en 2010. Il a demandé d’aller à Douala. C’est ainsi que nous avons été accueillies par Mgr Samuel KLEDA, archevêque de Douala. Nous avons loué la maison pour quelques années. Dieu aidant, l’AED nous est venue encore en aide et nous avons construit un centre de santé et une maternité dans un coin reculé de la ville de Douala, chez les pauvres. Jusqu’à aujourd’hui, les Sœurs n’ont pas de communauté. Elles occupent une partie du centre de santé ; mais la promiscuité avec les malades est gênante surtout la nuit. Avoir une petite communauté uniquement pour les Sœurs nous ferait beaucoup de bien.

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