La crise économique qui frappe actuellement la Syrie pousse de nombreux chrétiens à songer à rejoindre leurs proches à l’étranger. A Alep, ancienne capitale économique du pays, la reconstruction du gymnase de basketball Al-Jalaa, du nom de l’équipe chrétienne, constitue une « petite lumière » pour les chrétiens et les encourage à ne pas quitter leur pays.

« Nous jouions, nous devions jouer, pour libérer notre énergie. Pour oublier ce qui se passait en dehors du gymnase, et pour … prendre du bon temps, malgré la guerre. Nous n’avions que le sport », explique Lourd Zghen, 24 ans, membre de l’équipe féminine de basketball d’Al-Jalaa, un club chrétien fondé en 1949. Entourée de ses amies, elle regarde les jeunes sur le terrain. Et poursuit : « pendant le conflit, nous avons continué à venir ici jusqu’à ce qu’une bombe détruise cet endroit, en 2014. Tous les murs se sont effondrés. Les tirs de mortier et les snipers ont rendu cette zone inaccessible, nous ne pouvions plus nous y rendre. »

Pendant quatre ans (2012-2016), les Alepins ont vécu au quotidien avec les tirs de mortier et de sniper. La partie Est de la ville, en particulier, entre les mains des rebelles, puis reprise par le gouvernement, a payé un lourd tribut. Une réalité à laquelle les membres du club Al-Jalaa n’ont pas échappé : outre la destruction de leur gymnase, pourtant situé dans l’Ouest de la ville, six d’entre eux sont morts pendant le conflit. 

« Notre blessure sanglante, c’est l’émigration »

Désormais, Lourd et les onze autres joueuses de son équipe vont à nouveau pouvoir s’entrainer dans le gymnase Al-Jalaa : avec le soutien de l’AED, un nouveau gymnase a été inauguré dimanche 17 mars, en présence des principaux responsables chrétiens de la ville. En bénéficieront non seulement les joueurs, mais aussi leurs familles, la communauté chrétienne de la ville. « Nous avons beaucoup travaillé, beaucoup prié, pour aider les jeunes qui étaient restés ici, affirme Tony Fannoun, 70 ans, père d’un garçon et d’une fille. Si nos enfants partent, c’est fini. Mais Dieu n’oublie personne et, grâce aux bienfaiteurs de l’AED, nous avons commencé à nous relever. Des familles vont venir assister au match de leurs enfants, ils vont venir les voir jouer. Ce stade va donner envie de rester », veut-il croire, enthousiaste. Alors, pour Lourd et ceux qui sont restés, l’inauguration du gymnase Al-Jadaa constitue « une petite lumière », confie Mgr Joseph Tobji, archevêque maronite d’Alep. 

Dans cette ville, le nombre de chrétiens a dramatiquement chuté pendant la guerre, passant de 180 000 avant celle-ci à 32 000 aujourd’hui. « Notre blessure sanglante, c’est l’émigration, observe Mgr Joseph Tobji, pasteur d’une petite communauté de quelque 400 familles. Tout le monde a le corps ici et le cœur ailleurs. Les gens pensent au paradis occidental mais, quand ils vont là-bas, ils trouvent une réalité différente de celle à laquelle ils s’attendaient. Ils sont très surpris ; très déçus. Ils sont déçus ici, ils sont déçus là-bas. C’est ça le drame. En 2016, nous étions dans l’espérance ; maintenant, beaucoup succombent à la désespérance » s’inquiète-t-il.

Le sens de l’effort et de la vie communautaire

Au cours du discours d’inauguration, Mgr Antoine Chahda et le père Andrzej Halemba, coordonnateur des projets de l’AED au Proche-Orient, ont souligné l’importance du gymnase Al-Jalaa. Non seulement celui-ci s’inscrit dans l’histoire de la communauté, mais il permet aux jeunes de se rencontrer, d’échanger, de surmonter ensemble les traumatismes de la guerre. Un lieu qui permet d’approfondir le sens de l’effort et de la communauté : des qualités indispensables dans la vie sportive et spirituelle.

Si la cérémonie a commencé par une rupture de courant – fréquentes, à Alep – les participants, sur le terrain et dans les gradins, n’ont pas caché leur joie. Le club entend désormais renouer avec son histoire : de 1956 à 1978, et de 2007 à 2012, il a remporté la Syrian Basketball League. Une grandeur avec laquelle, les joueurs, mais aussi toute la ville d’Alep, aspire renouer. La victoire remportée lundi 18 mars face à Al-Etihad permet d’entretenir cette espérance.

Nous soutenir

Votre soutien nous est nécessaire

Apportez votre pierre à l’édifice, donnez et vous recevrez ! « Donnez et il vous sera donné : on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde ; car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis. » (Luc 6, 38)

Faire un don Tous les moyens d'aider
Faire un don