Le Père Ziad Hilal, prêtre jésuite qui aide déjà depuis très longtemps les victimes de la guerre en Syrie, auparavant à Homs et maintenant à Alep, répond aux questions de l’AED lors d’une interview du 12 août.

AED : Comment est la situation à Alep ?

Germany, Königstein 25.09.2013 Fr. Ziad Hilal, SJ, from Homs in Syria, during his visit at ACNPère Ziad : La situation est triste pour tout le monde à cause des combats. Toute la nuit nous entendons des bombardements et les combats entre les groupes. Il n’y a l’électricité qu’une heure, voire deux heures par jour – mais pas tous les jours non plus. C’est en quelque sorte une ville sombre, sans électricité. Les gens utilisent toutefois des générateurs, mais pas tout le temps, ils ne leur fournissent de l’électricité que pendant quelques heures.

Sans électricité, nous n’avons pas pu avoir de chaleur, et beaucoup de gens n’ont pas pu non plus aller à leur travail. Et comme la ville est divisée en deux parties entre l’opposition et le gouvernement, les gens ne peuvent pas se déplacer d’un côté à l’autre. Vous pouvez vous imaginer chaque famille divisée entre les deux parties de la ville ! Beaucoup de gens ne pouvaient pas aller d’un endroit à un autre, ni se rendre à leur travail – c’est pourquoi ils ont perdu leur emploi, et ont perdu leurs maisons.

AED : Y a-t-il des signes d’espérance ?

Père Ziad : D’un côté, les choses sont sinistres, tristes. D’un autre côté, nous voyons les activités de l’Église, les gens, et surtout les associations chrétiennes. C’est un signe d’espérance. Nous fournissons là-bas beaucoup de services avec l’aide de l’AED, avec le JRS [Service jésuite des réfugiés] et les évêques pour aider les chrétiens à rester dans leur pays – et aussi pour aider la population musulmane.

AED : Comment l’Église aide-t-elle les gens?

Père Ziad : Nous avons une grande cuisine –  financée par l’AED ainsi que par d’autres associations. Beaucoup de gens viennent ici, nous fournissons environ 7.500 repas par jour. C’est beaucoup. L’équipe est composée de chrétiens et de musulmans, et beaucoup de ceux qui bénéficient de ces repas sont musulmans. Le problème en Syrie n’est pas entre chrétiens et musulmans.

AED : Pouvez-vous nous donner un exemple de la souffrance des familles ?

Attacks from the rebels to the Christian quarters in AleppoPère Ziad : Il y a des familles pauvres et sans travail. J’ai rencontré une famille catholique dans laquelle il y a trois enfants qui travaillent dans un restaurant : le plus jeune a 7 ou 8 ans, le second est âgé de 10 ans, et le plus âgé a 14 ans. Leur père est mort et leur mère travaille également. Le patron du restaurant m’a dit : vous voyez, ces trois enfants travaillent, et je n’ai pas pu leur refuser ce travail cet été, parce qu’ils aident leur mère. Ça m’a fait un choc.

AED : Comment est la situation à Alep, maintenant que les rebelles se sont avancés dans la ville ?

Père Ziad : Je ne sais pas quoi dire. C’est le chaos maintenant – non seulement à Alep, mais aussi dans toute la Syrie. Il y a des combats partout, mais on parle surtout d’Alep en oubliant les autres villes. C’est la même situation partout, notre pays est actuellement divisé. Je pense que la seule solution est le dialogue entre syriens, parce que les problèmes actuels ne pourront pas être résolus par les armes. Nous devons faire taire les armes et travailler pour la paix. C’est la chose la plus importante pour nous en tant que syriens .

AED : Pensez-vous qu’il y aura la paix ?

Père Ziad : Maintenant, il est important de dire ce que le Pape François a dit: J’encourage chacun – jeunes et moins jeunes – à vivre avec enthousiasme cette année de la miséricorde, à surmonter l’indifférence et tout d’abord à proclamer que la paix en Syrie est possible. Aujourd’hui, nous crions que la paix en Syrie est possible, c’est notre seul espoir.

AED : Quelle est votre prière pour la Syrie ?

Père Ziad : Ma prière aujourd’hui est de demander à Dieu de nous donner paix et consolation. Ce dont les gens ont besoin en Syrie, et en particulier à Alep, c’est de sécurité et de miséricorde pour continuer à vivre, parce que la situation est difficile. Dieu nous a fait comprendre que le seul chemin possible est la réconciliation entre tous, et entre syriens, pour arrêter la guerre et commencer une nouvelle vie dans la paix.

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