C’est une foule catholique qui attendait depuis 15 heures le pape François sur le parvis de la cathédrale Saint-Esprit, ce 29 novembre à Istanbul. Turcs, Orthodoxes, Syriaques, Latins, Irakiens, réfugiés syriens, …l’Eglise universelle était au rendez-vous. Témoignage de Sébastien de Courtois, pour l’AED.

« Nous allons chanter pour le pape, pour les chrétiens et la paix au Proche-Orient » dit Maria, une jeune chaldéenne qui participe à la chorale. Elles sont une vingtaine de jeunes filles comme elle, de plusieurs origines, à participer à ce service hors du commun. La cathédrale est pleine. « Nous pouvons à peine recevoir 1 200 personnes… Nous aurions aimé recevoir beaucoup plus de monde, mais ce n’est pas possible » dit Mgr Louis Pelâtre, l’évêque catholique d’Istanbul. À l’extérieur, sur le boulevard, les télévisions turques filment l’arrivée du Saint-Père. La cour intérieure est pleine. Dès son arrivée, ce sont des : « Viva el papa ! » qui fusent de la foule. Il y a une petite délégation de Colombie, d’Argentine et des Philippines. Le pape s’approche de chacun dès qu’il le peut pour serrer des mains et sourire aux gens. Un homme s’approche avec une boîte qui contient des colombes pour les offrir à François qui les prend et les laisse s’envoler aussitôt dans le ciel gris d’Istanbul, en signe de paix.

Dans l’église, les gens sont debout sur leurs bancs pour l’acclamer. Sur la tribune, à l’étage, les journalistes du monde entier sont aussi présents, beaucoup d’Italiens venus dans l’avions du Saint-Père. Les services de sécurité turcs, à l’extérieur, et du Vatican à l’intérieur, sont sur les dents. Il ne faut pas qu’il y ait de faux pas. La messe commence. Le pape est entouré de plusieurs prélats orientaux, dont le patriarche des Syriaques catholiques, Ignace Younan, qui va participer à la célébration. Le patriarche œcuménique, Bartholomé est aussi présent, comme les représentants des Eglises arméniennes, grégorienne et catholique, l’archevêque Syriaque orthodoxe Yusuf Çetin et le vicaire des Chaldéens de Turquie François Yakan. Plus de cinquante prêtres représentants les diocèses de Turquie, et d’ailleurs, sont encore présents. Le pape prend un moment pour chacun. « Nous sommes très heureux de le voir ainsi. Il nous apporte de la joie et du réconfort… » dit une dame levantine venue d’Izmir, l’ancienne Smyrne, une grande ville sur le bord de la mer Egée. Des Turcs catholiques entonnent les premiers chants qui sont en turcs. Après, ce sont des chants et des paroles lancées depuis le chœur de la cathédrale en français, espagnol, anglais et italien bien entendu. « Je suis arrivé de Mardin hier pour assister à ce moment historique, dit une jeune fille Febronia, nous savons que c’est un moment historique. Surtout, dans le contexte actuel de la violence qui est faites aux chrétiens en Orient… »

En effet, plusieurs délégations de réfugiés de Syrie et d’Irak ont été reçues par le Saint-Père. Il est très concerné par la question des déplacés et de l’avenir des chrétiens au Proche-Orient. Plusieurs fois pendant la messe, des intentions de prières sont dîtes à cette attention, surtout pendant son homélie. Si le latin redevient dans ce genre de circonstances exceptionnelles la langue commune de l’église, des chants arméniens, arabes et syriaques sont aussi chantés. Au moment de la communion une chorale africaine se met à chanter des mots pleins d’émotions à l’intention de Jésus : «  Jésus-Christ tu es le pain, le pain de la vie des chrétiens, pour communier aujourd’hui… » Pendant deux heures, la politique est mise de côté, oubliée peut-être. Les chrétiens de toutes origines se retrouvent entre eux « pour être heureux » comme dit un homme turc de cinquante ans converti au christianisme : « C’est le vrai visage de l’Église universelle que nous voyons-là, celui des langues et des peuples différents. » Il ne peut terminer sa phrase tellement il est ému. La bénédiction finale arrive, les gens se lèvent, les flashs crépitent. Tout le monde sort sont téléphone pour immortaliser cette grâce hors du commun. À nouveau, infatigable, le pape prend le temps d’aller vers les gens au moment de la sortie, souriant.

Sébastien de Courtois

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