Alors que le Venezuela traverse une crise économique dramatique, la conférence épiscopale effectuait une visite ad limina au Vatican du 4 au 7 septembre dernier. Décryptage avec Mgr Oswaldo Azuaje, évêque de Trujillo, dans l’est du pays.

 

AED : Quel message le pape François a-t-il donné aux évêques et au peuple vénézuélien lors de leur visite ad limina à Rome ?

Mgr Oswaldo Azuaje : Le Pape a témoigné d’une grande proximité. Nous avons la chance qu’il soit originaire du même continent et que nous parlions la même langue. Nous avons pu constater qu’il connaît très bien l’Église du Venezuela, la vie dans le pays et les difficultés qu’endure la société. Il a insisté pour que nous soyons très proches des gens et que nous trouvions des réponses à leurs besoins. Il nous a rappelé : « Restez forts et proches des gens ! Je suis conscient que vous le faites déjà et je vous invite à poursuivre dans cette voie. » De plus, il nous a invités à mettre en pratique une réalité : la résistance. Jusqu’à présent, je n’avais encore jamais entendu cette notion dans ce contexte. En effet, elle n’a aucun rapport avec la politique, le populisme ou un langage militaire. Il nous a invités à résister fermement dans la foi, l’espérance et la charité.

Comment l’Église accompagne-t-elle les réfugiés ?

J’ai eu l’occasion de me rendre à la frontière de la Colombie, dans l’État de Táchira. Les diocèses de San Cristóbal au Venezuela et de Cúcuta en Colombie fournissent un travail de grande ampleur. Je me suis mêlé aux gens qui passent la frontière et vont en Colombie. C’est impressionnant : ils fuient par milliers chaque jour. L’Église nourrit quotidiennement entre 5000 et 8000 personnes, sachant que ces estimations reflètent uniquement le nombre de personnes dont s’occupe l’Église. Au Pérou, en Équateur et au Brésil, l’Église s’occupe aussi des Vénézuéliens qui fuient.

Quelles sont les conséquences de cet exode ?

Dans les paroisses, on commence à remarquer l’absence de jeunes et d’actifs. Il est de plus en plus fréquent de voir arriver des personnes âgées accompagnées de leurs jeunes petits-enfants. Leurs parents sont partis en quête de travail. C’est un exode forcé et lié au manque terrible de nourriture et de médicaments. Les gens sont dans le besoin car ils n’en trouvent pas dans le pays ou ne peuvent pas en acheter à cause de la dévaluation de la monnaie.

Le diocèse de Trujillo est l’une des régions les plus pauvres du Venezuela. Quelle en est la situation actuelle ?

Trujillo est l’un des districts les plus pauvres du point de vue économique. Il est situé dans les Andes, dans une région de montagne majoritairement rurale. Toutefois, je ne dirais pas que c’est une région pauvre car elle possède une grande richesse humaine et culturelle. Le quotidien des gens maintenant est similaire à celui du reste du pays. Nous souffrons du manque de nourriture et de médicaments, beaucoup de gens sont partis vivre dans un autre pays et l’économie est paralysée. Peut-être que dans les villages, le manque d’accès à la nourriture est plus perceptible, comparé à la capitale ou aux villes importantes du pays.

Comment l’Église répond-elle aux besoins de ceux qui restent ?

Pour répondre au manque de nourriture, les paroisses organisent des « soupes populaires » tous les jours afin de fournir des repas aux nécessiteux. Les enfants et les personnes âgées souffrent de malnutrition. Les gens passent beaucoup de temps à essayer de remplir leur panier, si tant est qu’ils le fassent. La recherche quotidienne de nourriture est devenue un véritable calvaire.

 

(Crédit photo : AED / Maria Lozano)

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