Mgr Joseph Nguyên Chi Linh, président de la conférence épiscopale du Vietnam et archevêque de Hué, a répondu aux questions d’Églises d’Asie à l’occasion de la visite des 32 évêques vietnamiens aux Missions Étrangères de Paris.

EdA: Comment l’Église au Vietnam a-t-elle évolué ces dernières années ?

En quantité, l’Église au Vietnam ne s’est pas développée. Elle a suivi l’évolution démographique du pays, et la proportion de catholiques n’évolue pas. Cela dit, les Vietnamiens ont aujourd’hui une meilleure image de l’Église. Après une longue période de cohabitation, les communistes comprennent mieux l’Église catholique. Au début, en temps de guerre et sous l’influence de l’idéologie marxiste, ils prenaient les catholiques pour des groupes sous l’influence de puissances étrangères. Mais de plus en plus, les témoignages des catholiques sont beaucoup mieux reçus. Je suis optimiste.

Peut-on dire que l’athéisme progresse au Vietnam ?

Je crois qu’il faut comprendre le mot athéisme sous différents sens. Par exemple, l’athéisme pur n’existe pas au Vietnam. Les Vietnamiens en général, même les non catholiques, croient en Dieu. Il ne s’agit pas forcément d’un Dieu biblique ou chrétien, mais d’un être qui appartient à un monde spirituel, ou plutôt surnaturel. Très peu de Vietnamiens se disent vraiment athées. C’est vrai aussi chez les jeunes.

Avec le développement des villes, la pastorale a dû changer ?

Oui, c’est partout le même problème. Beaucoup de jeunes viennent travailler dans les grandes villes et dans les centres industriels. Cela pose de gros problèmes pour la pastorale. C’est très difficile à gérer, car cela surcharge parfois les curés… De plus, les jeunes sont trop pris par leur travail et n’ont pas le temps d’aller à l’Église pour partager des moments communautaires… Pourtant, les jeunes vietnamiens ne tournent pas le dos à l’Église, mais ils sont obligés de s’adapter à la vie moderne.

Quels sont vos projets pour l’Église au Vietnam ?

Depuis très longtemps, les Vietnamiens ont été coupés du monde. Nous avons très peu de relations avec le monde catholique. À l’avenir, il faudra créer différentes occasions pour permettre cela. Par ailleurs, après une longue période de conflits idéologiques et de guerres, l’Église est presque ruinée. Il nous faut rattraper ce que nous avons perdu ! Durant cette période, tout a été fermé : les établissements de formation pour les prêtres et les religieux, les écoles catholiques… Aujourd’hui, la politique est un peu plus ouverte, mais nous avons besoin de davantage de liberté dans le domaine éducatif. Car nous n’avons pas d’universités, de facultés, d’écoles secondaires… Même le personnel de l’Église est peu formé. C’est pour cela que nous envoyons beaucoup de prêtres faire leurs études à l’étranger.

Avez-vous un dernier message à adresser ?

Mon message traditionnel est toujours actuel ! Je vous demande de prier pour nous, pour une Église qui a connu beaucoup de difficultés et qui a besoin de l’aide des Églises sœurs. Nous invitons tous ceux qui aiment l’Église au Vietnam à venir nous rencontrer, pour partager notre amitié, notre hospitalité, et aussi nos besoins.

Source: Église d’Asie

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