À l’extrême nord du pays, deux prêtres burkinabés ont été enlevés et menacés par des terroristes qui voulaient les contraindre à se convertir à l’islam. Voici le récit de leur mésaventure :

Nous évitons de donner des détails permettant d’identifier ces deux prêtres, car cela pourrait les mettre en danger.

Le prieur général des Frères missionnaires des campagnes (FMC), le Père Pierre Rouamba se souvient : « Nous leur avions dit de ne pas retourner auprès de cette paroisse, que c’était trop dangereux, mais les deux prêtres refusaient de laisser les chrétiens seuls pendant leur fête patronale ».

Région à risque

La paroisse en question se trouve à l’extrême nord du pays, à la frontière avec le Mali. Dans cette région, les groupes djihadistes peuls sévissent depuis 2015. Les prêtres y sont tout de même allés à moto, le seul moyen de transport possible pour cette région des confins. Quand les deux prêtres ont voulu retourner d’où ils venaient, ils ont été arrêtés par des hommes armés qui avaient été manifestement averti de leur déplacement. Ils les ont emmenés dans la brousse.

Les djihadistes connaissaient la région et ne prenaient aucun risque. Ils ont enfilé des chaussettes sur les rétroviseurs des motos pour qu’ils ne brillent pas, afin d’éviter d’être repéré par un avion ou un drone. Quant aux prêtres, ils ont eu les yeux bandés jusqu’à ce que leurs ravisseurs les amènent dans un coin reculé et désertique.

Là les hommes armés se sont mis à interroger les prêtres sur leurs activités. Ils se montraient menaçant et lorsque les prêtres ont assuré qu’ils participaient au développement du village, on leur a répondu : « Vous pouvez continuer à le faire, c’est bien ce que vous faites, mais il faut vous convertir ». À partir de cet instant il leur a été demandé à plusieurs reprises de prononcer la chahada, la profession de foi des musulmans. Les membres du groupe appelaient régulièrement un mystérieux « chef », qui leur donnait des consignes pour les interroger. On leur disait « convertissez-vous ou vous mourrez » et ils répondaient « notre vie est déjà donnée ». Pendant les interrogatoires, l’un des jeunes du groupe tenait les prêtres au bout de sa kalachnikov et jouait à faire claquer la détente de son arme. Les prêtres savaient que le coup pouvait partir à tout moment et ils priaient.

L’un des jeunes s’est moqué d’eux : « Vous croyez que vos prières vont vous empêcher de mourir ? » Ce à quoi l’un des prêtres a répondu : « Je ne prie pas pour éviter la mort. Je prie pour que Dieu me reçoive sur son cœur quand je serai mort ».

À l’heure des prières musulmanes, les djihadistes disaient aux prêtres qu’ils allaient leur apprendre les prières en arabes, mais les deux prêtres répondaient qu’ils savaient déjà prier. Au bout d’une journée passée de la sorte, le chef des ravisseurs, voyant que les prêtres ne se convertiraient pas déclara « il faut les libérer ». Ils ont été relâchés avec leurs motos et aucun mal ne leur a été fait.

En raison de la pression grandissante que fait peser les groupes armés peuls sur cette région, les chrétiens ont dû fuir. Leur église et leur salle paroissiale a été mise à sac. Pourtant le père Pierre Rouamba assure : « Le gouvernement a repris le contrôle d’une grande partie du territoire que les djihadistes avaient envahis. J’ai bon espoir que les chrétiens qui ont été chassés puissent retourner chez eux. Mais alors, il y aura tout à reconstruire ».

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