Je reviens de Syrie et du Liban, où la situation économique ne cesse de se dégrader : le soir du 17 novembre, à Beyrouth, nous avons eu la sensation d’arriver dans un film catastrophe. Il faisait nuit, pas d’éclairage dans la ville, notre minibus était seul sur l’asphalte. Le chauffeur a expliqué la situation en pointant du doigt les prix affichés par une station-service : 22 000 livres libanaises pour un litre d’essence. Un seul plein équivaut au salaire mensuel d’un fonctionnaire.

La catastrophe économique libanaise a des répercussions négatives sur le voisin syrien, qui fête cette année le triste 10e anniversaire de sa guerre civile. En Syrie, nous avons souvent entendu la phrase « la situation est pire que pendant la guerre ».

Les matières premières essentielles sont hors de prix. Même ceux qui cumulent deux emplois ne peuvent s’offrir mieux que le pain quotidien. Avec l’hiver qui est là, et en raison du prix du fuel, la seule option pour les Syriens, ce sont les couvertures. Les bâtiments ne sont pas chauffés, souvent peu éclairés, parce que l’électricité elle aussi est hors de prix.

Dans ces conditions, on comprend que la reconstruction du pays reste au point mort. Damas, Alep et Homs sont toutes les trois revenues dans le giron de l’Armée arabe syrienne, mais on y trouve encore des quartiers entiers détruits, comme si la guerre venait juste de s’achever. Parfois, une lumière isolée dans un bâtiment en lambeau témoigne qu’une famille a choisi de revenir et survit dans les ruines de son ancien appartement.


Malgré toutes les difficultés, des jeunes gens tentent d’imaginer un avenir dans leur pays natal. De jeunes catéchistes de Damas, par exemple, que nous avons eu la chance de rencontrer, et qui nous ont impressionnés par leur enthousiasme, malgré la tristesse de la situation.


De jeunes Arméniens d’Alep aussi, qui à côté de leurs études, se consacrent à la distribution de nourriture auprès des familles les plus défavorisées. Ils parcourent les rues avec leurs baluchons, passant au-dessus des gravats, comme une image vivante de l’énergie positive qui demeure dans ce pays blessé.


Mais en privé, ils confient : « Nous aimons la Syrie, mais nous ne savons pas si nous pourrons rester. » Il est difficile de trouver un travail, ici. On peut craindre que le pays se vide de ses dernières forces vives, si la situation économique ne s’améliore pas rapidement.


Près de 5 millions de syriens, sur les 22 millions d’avant 2011, sont réfugiés à l’étranger. Les Libanais font de même : non seulement ils ne reviennent pas, mais l’hémorragie continue.


Le 24 novembre, lors de notre retour à Beyrouth, le litre d’essence était passé à 23 000 livres libanaises.

Au nom des chrétiens de Syrie, je vous remercie pour toute l’aide que vous leur apportez, dans ces circonstances si difficiles.

Thomas Oswald
Rédacteur

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