Pèlerinage à Homs autour de l’icône de « Notre Dame des douleurs, consolatrice des Syriens »

Le patriarche Youssef Absi, chef de l’Église melkite catholique, affirme qu’il n’y aura pas de stabilité au Proche-Orient sans justice pour la Palestine, lors d’un entretien avec l’AED en septembre 2023.

Les chrétiens du Proche-Orient continuent de quitter leurs lieux d’origine, malgré toutes les incitations à rester qu’ils reçoivent de leurs Églises, déclare le chef de l’Église catholique melkite, le patriarche Youssef Absi.

Le patriarche est à la tête de l’Église catholique melkite depuis six ans, une période difficile marquée par la guerre civile en Syrie, la pandémie et une situation financière terrible tant en Syrie qu’au Liban. « Tout cela a entraîné une lenteur dans notre travail. Cela nous a empêchés de mener nos projets plus rapidement ». Néanmoins, il décrit cette période comme un « temps de grande grâce ».

Alors que la plupart de ses fidèles vivent en Syrie et au Liban, le patriarche melkite estime qu’il est de plus en plus difficile de donner de l’espoir aux chrétiens, en particulier aux jeunes. « Il y a toujours eu des vagues d’émigration, mais les raisons changent. Aujourd’hui, c’est surtout pour des raisons économiques, sociales ou politiques », a-t-il déclaré à l’AED lors d’une visite au siège international de l’œuvre en Allemagne.

Appel à lever les sanctions internationales

« Beaucoup d’entre eux sont désespérés, ils n’ont plus confiance en leur pays. C’est pourquoi ils partent. Nous avons fait beaucoup, surtout au début, pour les garder dans le pays, mais la situation ne s’est pas améliorée. Il n’y a pas de lumière au bout du tunnel, nous ne voyons pas de solution à court terme. C’est pourquoi nous ne parvenons pas à les convaincre de rester.»

La situation en Syrie pourrait être améliorée si l’Occident levait les sanctions qui, dit-il, pèsent surtout sur la population civile. « Je pense que nos amis peuvent exercer une pression d’une manière ou d’une autre sur leurs gouvernements, et parfois même sur les chefs religieux, pour aider dans ce sens ou pour assurer la levée des sanctions », a-t-il déclaré, faisant écho à l’appel lancé récemment par d’autres dirigeants du Proche-Orient.

Le conflit israélo-palestinien au cœur du sujet

Il faut aussi que la communauté internationale s’engage sur la résolution du conflit israélo-palestinien. « La cause palestinienne est la principale question. Ici, c’est très clair pour nous. Sans solution à la situation palestinienne, il n’y a pas de solution pour le Proche-Orient. Cela implique de donner aux Palestiniens leur indépendance. Pour le moment, nous voyons que certains gouvernements arabes commencent à normaliser leurs relations avec Israël, mais cela ne sera d’aucune aide, parce qu’il continue d’y avoir une grande hostilité entre les peuples », a déclaré le patriarche Absi.

Malgré toutes les difficultés, l’effort doit se poursuivre, a ajouté le patriarche, car « la perspective d’un Proche-Orient sans chrétiens est impensable ». Le patriarche Youssef Absi a donné l’exemple du Liban, le pays de la région qui compte la plus forte proportion de chrétiens, que Jean-Paul II a décrit comme étant en soi une mission. « Le Liban est très important, non seulement pour le Proche-Orient, mais aussi pour le monde entier, parce que la coexistence entre les musulmans et les chrétiens est un exemple pour le monde entier ».

« Aujourd’hui, en Occident, il y a beaucoup de musulmans et dans certains endroits, il y a déjà des défis à relever, de sorte que la mission du Liban est de montrer comment les musulmans et les chrétiens peuvent vivre ensemble. La présence de chrétiens au Proche-Orient ne devrait pas être un problème. Il est normal que des Églises y existent et elles devraient y rester », a déclaré le Patriarche Youssef Absi.

La création d’une zone chrétienne sécurisée ?

Alors que la persécution des chrétiens au Proche-Orient atteignait son apogée en 2014 avec la croissance du groupe terroriste État Islamique, des voix se sont élevées pour réclamer la création d’une zone chrétienne sécurisée, qu’il s’agisse d’un pays ou d’une région autonome située, par exemple, dans la plaine de Ninive, en Irak.

Cependant, la majorité des chefs religieux chrétiens se sont opposés à cette idée, et le patriarche Youssef Absi ne fait pas exception. « Ce serait un suicide, ce n’est pas une solution », a-t-il déclaré.

Pour le meilleur ou pour le pire, a-t-il ajouté, les chrétiens et les musulmans ont une histoire de coexistence, mais la création d’une zone exclusivement chrétienne susciterait la colère des autres citoyens du pays. « Vous avez le droit de vivre dans un grand pays, pourquoi choisiriez-vous de vivre dans un petit pays entouré de gens qui sont devenus vos ennemis ? ».

Gratitude pour l’aide de l’AED

La situation en Syrie et au Liban est peut-être désespérée, selon le chef de l’Église melkite, mais elle serait bien pire sans l’aide fournie par l’AED.

« Nous avons remarqué que l’AED avait doublé, et parfois triplé, son aide au cours de la dernière décennie. Les résultats sont clairement visibles, et nous vous remercions du fond du cœur, nous pouvons voir que vous voulez vraiment être présents en Syrie et au Liban, d’une manière spéciale ».

« Ce n’est pas seulement une aide financière ou économique, c’est l’esprit avec lequel ils travaillent, la générosité, l’amour, le sourire. Nous rendons grâce à Dieu de nous avoir envoyé des frères et des sœurs de ce calibre, des chrétiens engagés » a conclu le patriarche.

Filipe d’Avillez et Maria Lozano

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