Le Père Kwiriwi Fonseca officie dans le diocèse martyrisé de Pemba (Mozambique). En plus des 2 500 morts et plus de 750 000 déplacés imputables depuis octobre 2017 aux attentats terroristes qui frappent sa province de Cabo Delgado, il y a des centaines d’enlèvements de mineurs.

Le nombre de réfugiés dans la province de Cabo Delgado grandit chaque jour.

Il n’y a pas de statistiques officielles à ce sujet, mais le Père Fonseca, chargé de la communication dans le diocèse de Pemba, calcule : « Nous pouvons parler de centaines de personnes, parce que si nous comptons tous les villages où il y a eu des enlèvements, nous arrivons à ce nombre ». Selon le prêtre, les jeunes sont enlevés à des fins bien précises : « Les terroristes utilisent les garçons pour les former et les inclure dans leurs rangs, tandis que les filles sont violées et deviennent leurs épouses. Certaines sont ensuite rejetées, quand elles ne sont plus intéressantes ».

Des religieuses parmi les personnes enlevées

Il donne aussi l’exemple de Sœur Eliane da Costa, qui a été enlevée et a passé 24 jours aux mains des terroristes, dans la brousse. Elle a constaté, parmi les djihadistes, la présence de ces nombreux enfants, enrôlés de force.

Un autre scénario d’attaques a eu lieu à Mucojo, ville côtière du district de Macomia. C’est là que vit Mina, une femme aujourd’hui totalement dévastée par ce qu’elle a vécu. Chaque fois qu’elle se souvient de ce qui lui est arrivé, de ce qui est arrivé à ses proches – à son mari, à ses enfants et à son frère – c’est comme si une blessure s’ouvrait à nouveau sans pouvoir cicatriser.

Ces enfants photographiés dans un camp de réfugiés en décembre 2020 ont échappé aux massacres de Muidumbe. Ils ont dû fuir en parcourant 300 km à pied.
Credit:
Johan Viljoen

Le Père Fonseca est allé lui rendre visite et a vu sa souffrance : « Là-bas, cinq hommes ont surgi et les habitants ont réalisé qu’il s’agissait de terroristes d’Al-Shabaab. Les terroristes ont trouvé Mina avec son mari, son frère et leurs quatre enfants… et ils leur ont dit : “Nous allons prendre ces deux enfants-là”. Ce qui est certain, c’est qu’ils en ont pris trois : un de 14 ans, un de 12 et un de 10 ans. Ils ont ligoté le mari et le frère et ont insisté pour que la femme parte parce qu’ils allaient les tuer. Elle a refusé. Elle a ensuite été témoin de la façon dont son mari et son frère ont été égorgés, sous le regard de sa fille de deux ou trois ans. Aujourd’hui, cette petite fille continue d’avoir peur et insiste pour revenir au village, pour voir son père. Elle a été témoin de toute la scène ».

Quel avenir attend les jeunes qui ont été enlevés ?

Le Père Fonseca ne doute pas du fait que ces garçons seront soumis à un processus de radicalisation pour être incorporés dans les rangs des terroristes. « Je pense que le but est de les radicaliser. Nous parlons de jeunes et d’enfants qui ont quitté leur maison l’année dernière, ou l’année précédente… ils sont restés longtemps en contact avec le mal, finissant par l’assimiler. Cette interaction peut en faire les pires terroristes… ».

Cette situation soulève de nombreuses questions, y compris d’un point de vue militaire. Ces enfants et ces jeunes ont été séparés de force de leurs familles, de leurs villages et de l’environnement dans lequel ils avaient toujours vécu. « Si cette guerre s’aggrave et que des partenaires internationaux, d’autres gouvernements et pays veulent aider le Mozambique à éliminer les terroristes, que se passera-t-il ? », demande le Père Kwiriwi Fonseca. « Ça veut dire que beaucoup d’innocents pourraient aussi mourir… ».

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