George Akroush est le directeur du Bureau de développement des projets au Patriarcat latin de Jérusalem. Confronté aux enjeux du travail pastoral parmi les chrétiens de Terre Saintes, de plus en plus écrasés par la croissance de l’extrémisme, il témoigne pour l’AED :

400 jeunes de Terre sainte se sont rendus aux JMJ 2023 de Lisbonne.

Le Patriarcat latin de Jérusalem couvre les territoires de la Palestine, d’Israël, de la Jordanie et de Chypre. Il comprend des communautés diversifiées et en plein développement en Israël, mais des communautés en déclin rapide en Palestine et en Jordanie.

« En Israël, en plus des chrétiens palestiniens, nous avons deux vicariats importants : la communauté des fidèles hébraïque – un groupe de 1.200 catholiques – et le Vicariat pour les migrants et les demandeurs d’asile, qui compte environ 120.000 fidèles. C’est pourquoi nous disons que malgré tous les défis et le fait que des chrétiens locaux quittent la Terre Sainte, il y a plus de demandeurs d’asile et de réfugiés qui viennent dans la région, ce qui ajoutera à sa diversité. Donc l’Église grandit en nombre, mais malheureusement les chrétiens locaux, qui sont de la première Église ayant été établie, s’en vont, et maintenant nous sommes moins de 1% de la population totale », dit George Akroush.

Moins de 1 %, mais au service de 40 %

Le Patriarcat latin de Jérusalem souhaite également réformer les programmes scolaires pour aider à lutter contre l’extrémisme, à un moment où la société semble se séculariser davantage. « Malgré notre petit nombre, moins de 1% de la population, nous restons au service de 40% du peuple palestinien. Les meilleures écoles, les meilleurs hôpitaux et les meilleures institutions au service des personnes handicapées, des orphelins, des personnes âgées et des réfugiés sont tous chrétiens. L’outil de changement le plus important pourrait être les organisations chrétiennes affiliées aux différentes Églises, en particulier les écoles. L’Église gère près de 200 écoles en Palestine, en Israël et en Jordanie, et elles fournissent un enseignement à des centaines de milliers de personnes ».

« Nous voulons que la nouvelle génération palestinienne soit ouverte d’esprit, plus tolérante envers les autres, en particulier les chrétiens. Nous devons utiliser cet outil pour changer la façon de penser de la nouvelle génération. Parce que la majorité de nos élèves sont musulmans, ce qui est une chose positive, car sinon ils iront dans d’autres systèmes scolaires où il y a du fanatisme et du radicalisme. Nos écoles ont le devoir d’éclairer la nouvelle génération, de lui apprendre à être plus tolérante, plus ouverte, et de lui inculquer les valeurs chrétiennes d’amour, de tolérance et d’acceptation ». 

Écrasés entre les extrémismes

Malheureusement, la réalisation de ces projets sur le terrain est difficile. D’un côté, il y a le fondamentalisme et le désespoir croissants en Palestine, en particulier à Gaza, sans accord de paix à l’horizon politique et avec une corruption généralisée dans le secteur public, mais d’autre part, Israël continue de rendre la vie difficile aux Palestiniens, y compris aux chrétiens, comme George en fait l’expérience dans sa propre famille.

Le Patriarche latin de Jérusalem, Mgr Pierbattista Pizzaballa.

« J’ai une carte d’identité israélienne, mais ma femme est chrétienne de Bethléem, donc elle n’en a pas. Pour cette raison, elle n’est pas autorisée à conduire une voiture, et elle ne peut pas utiliser l’aéroport israélien ! Je peux voyager depuis l’aéroport Ben Gourion, mais elle ne le peut pas, elle doit aller en Jordanie. Parfois, ils lui accordent un permis pour Ben Gourion, mais l’incertitude demeure jusqu’à la veille, donc nous faisons en général deux réservations, l’une de Jordanie, l’autre d’Israël. Des choses simples qui sont tenues pour acquises partout dans le monde sont très compliquées et très politisées dans notre situation », explique-t-il.

Un autre problème est la montée du sentiment anti-chrétien parmi les juifs ultra-orthodoxes en Israël. Ils crachent tous les jours sur le clergé chrétien, mais plus récemment, leur agressivité s’est aggravée, avec des attaques contre des églises, y compris contre l’église de la Multiplication, à Tibère, qui a été incendiée et dont la restauration a coûté plus de deux millions de dollars.

« Il ne s’agit pas que des chrétiens. Les musulmans émigrent aussi, mais comme nous sommes une petite minorité, l’émigration nous frappe plus durement. Sous la direction de Sa Béatitude le Patriarche Pizzaballa, nous essayons de créer de l’espoir pour notre peuple », ajoute George Akroush.

La Terre Sainte est présente à Lisbonne

Malgré toutes les difficultés, plus de 400 chrétiens de Terre Sainte ont réussi à se rendre à Lisbonne au cours de la première semaine d’août pour participer aux Journées Mondiales de la Jeunesse.

« Nous avons eu 150 chrétiens de Palestine, 40 autres d’Israël et 125 de Jordanie. Et nous avons aussi des fidèles de la communauté hébraïque. Malgré les difficultés, ils ont quand même réussi à s’y rendre, à sentir qu’ils n’étaient pas seuls, qu’ils faisaient partie de l’Église catholique mondiale ».

« Leur présence est importante au niveau psychologique. C’est vraiment émouvant pour eux de sentir qu’ils font partie de quelque chose de plus grand », explique-t-il. 

L’AED en partenariat avec Caritas, l’œuvre pontificale de bienfaisance a été l’une des organisations qui ont fourni des chapelets fabriqués par des chrétiens de Terre Sainte, les distribuant à tous les pèlerins de Lisbonne. « C’est un projet majeur, et il donne du travail à plusieurs ateliers chrétiens de notre région qui ont perdu leurs revenus après l’épidémie de Corona et les récents affrontements entre Israéliens et Palestiniens, ce qui a eu un effet très négatif sur le secteur du tourisme dont dépendent beaucoup de ces familles », explique le directeur du Bureau de développement des projets de L’AED au Patriarcat latin de Jérusalem.


Nos actualités

Israël | Les dernières actualités

Nous soutenir

Votre soutien nous est nécessaire

Apportez votre pierre à l’édifice, donnez et vous recevrez ! « Donnez et il vous sera donné : on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde ; car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis. » (Luc 6, 38)

Faire un don Tous les moyens d'aider
Faire un don