Mgr Ndagoso évêque de Kaduna au centre-nord du Nigeria, préside l’un des diocèses les plus dangereux au monde. Invité par l’AED à témoigner lors du Mercredi Rouge le 23 novembre, il confie ses attentes et ses craintes pour l’avenir de son pays.

Le sourire bienveillant et la gentillesse qui émane de Mgr Ndagoso, évêque de Kaduna, pourraient faire oublier qu’il vient de l’un des pires diocèses du Nigeria. Et le Nigeria, dans son ensemble, n’a rien d’un pays paisible.

Kaduna, au centre-nord du Nigeria, se situe en plein Sahel, là où les conflits entre éleveurs et agriculteurs, entre musulmans et chrétiens sont les plus fréquents. Dans ce contexte, l’évangélisation est devenue un métier à haut risque. Huit des prêtres du diocèse ont été enlevés durant ces trois dernières années. Quatre ont été libérés, l’un est toujours porté disparu et trois sont morts aux mains de leur ravisseurs. L’un d’entre eux a fait preuve d’un courage insensé, rapporte l’évêque : « Alors qu’on le braquait avec l’AK47 il enjoignait ses assaillants leur disant qu’ils devaient se repentir de faire des actions mauvaises. Ils l’ont tué. »

Prêtres sous escorte

Mgr Ndagoso continue malgré tout sa mission, sous bonne garde : « J’ai cinq chiens pour pouvoir dormir en paix », énumère-t-il. Ses déplacements se font sous escortes, dans des lieux bien repérés, tant il est à craindre qu’un évêque ne représente une proie de choix pour des bandits. « Souvent, nous croisons sur la route un véhicule qui a été attaqué. C’est comme un rappel de ce qui peut nous arriver à tout moment », rapporte-t-il.

L’insécurité s’est immiscée dans la vie quotidienne des Nigérians, au point qu’il faut à présent peser chaque déplacement des prêtres, savoir si le risque encouru en vaut la chandelle. C’est devenu le premier sujet de préoccupation : « La foi ne tombe pas du ciel. Elle a besoin de ministres, mais nous savons que nous courrons des risques quand nous envoyons ces ministres. Au fond, nous revenons aux premiers temps de l’Église… » témoigne Mgr Ndagoso.

Élection présidentielle en vue

Et cette situation n’a fait que se détériorer ces dernières années. De grands espoirs de changements accompagnent toutefois les prochaines élections présidentielles, en février 2023. « Nous appelons tous les chrétiens à voter. Nous espérons qu’il se trouvera un candidat – peu importe sa religion – qui ait le souci du Bien Commun », explique Mgr Ndagoso.

La question de la religion est en effet cruciale au Nigeria, qui est peuplé à parts égales de chrétiens et de musulmans. Ceux qui veulent semer le trouble dans le pays, en particulier les groupes Boko Haram et ISWAP, n’ont de cesse de monter les groupes religieux les uns contre les autres, regrette l’évêque qui ajoute : « La religion devrait être un facteur d’unité et non de division ».

Son histoire illustre la capacité de la société nigériane à faire cohabiter des groupes religieux différents. Fils d’un prêtre des religions traditionnelles, il a été mis à l’école catholique grâce à un cousin et a décidé de recevoir le baptême à l’âge de dix ans. « Nous autres de l’Afrique sub-saharienne, nous avons la religion dans le sang. Nous avons une culture de la religion ! C’est ce qui m’a été transmis par mon père et je l’en remercie. Jamais il ne m’a reproché mon choix, il était heureux de ma conversion…même s’il aurait quand même préféré que je marie ! »

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