Ce 3 juin, Nazir Gill Masih, un chrétien de 72 ans, vient de succomber à ses blessures. Habitant à Sargodha, une ville de la province du Pendjab, il avait été battu par une foule l’accusant faussement de blasphème 10 jours auparavant.

Mgr Arshad avec les policiers juste après l’attaque du 25 mai contre le chrétien Nazir Gill Masih, décédé ce 3 juin des suites de ses blessures.

L’évêque d’Islamabad-Rawalpindi, Mgr Arshad, a exprimé ses profondes condoléances pour le décès de Nazir Masih décédé dans son diocèse, des suites des blessures qu’il avait subies le 25 mai, faussement accusé de blasphème. Mgr Arshad a précisé dans un communiqué reçu par l’AED ce 3 juin que  » ces dernières années, la communauté chrétienne ainsi que d’autres minorités au Pakistan, continuaient d’être constamment prises pour cible, que ce soit sur la base de la religion, d’inimitiés personnelles ou d’allégations sans fondement. »

Mgr Samson Shukardin, le président de la Conférence épiscopale catholique du Pakistan, a de son côté déclaré dans une interview accordée à l’AED que si des lois n’étaient pas adoptées pour rendre illégale la fabrication d’allégations de blasphème, les chrétiens et les autres minorités attaquées ne se sentiront jamais en sécurité dans leur propre pays : « Il est très important qu’une législation soit introduite pour que ceux qui ont accusé à tort des personnes de blasphème soient condamnés à des peines allant jusqu’à des peines de prison. »

L’évêque a souligné que, comme l’analphabétisme est monnaie courante chez les chrétiens, il est peu probable que la plupart commettent un blasphème intentionnel conformément à l’article 295B du Code pénal qui prévoit la prison à vie pour profanation du Coran. L’évêque, qui est aussi Président de la Commission catholique pour la justice et la paix, la branche de plaidoyer de l’Église, a également accusé les autorités pakistanaises de ne pas avoir rendu justice aux victimes de la vague de violence d’août dernier contre les chrétiens dans le district de Jaranwala au Pendjab, un incident également déclenché par une allégation fallacieuse de blasphème.

Il faut que la pression vienne de l’étranger

« Rien ne s’est passé pour rendre justice après l’incident de Jaranwala a déclaré l’évêque à l’AED. C’est un désastre. Ce n’est pas bon pour les minorités. Tant que le gouvernement ne sera pas sérieux et ne fera pas de lois pour protéger les minorités, en particulier les chrétiens qui sont la principale minorité au Pendjab, la situation concernant l’utilisation abusive de la législation sur le blasphème ne fera qu’empirer. Nous ne demandons rien qui soit contre le Pakistan. Nous demandons simplement la protection de nos vies et de celles de nos familles. »

Des dizaines d’églises ont été brulées dans le quartier de Jaranwala en août 2023

Il a ajouté : « Nous devons apporter justice et sécurité à nos minorités et à tous ceux qui sont maltraités en raison de leur religion ou de tout ce qui n’est pas conforme à la dignité humaine. » Affirmant que seule une pression étrangère forcerait le Pakistan à agir, l’évêque a insisté : « Il faut que la pression vienne de l’étranger – de gouvernement à gouvernement ».

La situation s’aggrave

 « La persécution s’aggrave, a répété le président de la Conférence. Il y a des incidents majeurs tels que ce qui s’est passé à Jaranwala en août et ce qui s’est passé vers la fin du mois de mai à Sargodha, mais il y a tellement d’autres incidents mineurs qui se produisent. C’est une situation alarmante. »   

L’évêque a souligné que seule une minorité de musulmans au Pakistan était hostile aux minorités, ajoutant que le volume de déclarations sur YouTube et à la télévision condamnant les attaques antichrétiennes des 25 et 26 mai à Sargodha était sans précédent.

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