Rita, 23 ans et Rami, 29 ans, se marient dans leur village natal de Karamlech, au Kurdistan irakien. Après l’occupation des djihadistes de Daesh, ils symbolisent l’espoir de renaissance des chrétiens de leur région martyre.

Rita et Rami, symboles de la renaissance du village irakien chrétien de Karamlech

Le 6 août 2014 vit des scènes dignes des films catastrophes dans la plaine de Ninive. Les routes étaient saturées de véhicules surchargés, emportant des chrétiens et musulmans chiites terrorisés, fuyant les djihadistes de l’État islamique. Ils ont convergé vers Erbil, capitale du Kurdistan irakien, laissant tout derrière eux. Rita et Rami, qui se connaissaient à peine, se sont rencontrés dans un camp de réfugié de la ville.

Avant l’État islamique, il avait environ quatre mille habitants à Karamlech, mais presque tous ont fui avant l’arrivée des djihadistes. Le curé fut l’un des derniers à partir, seules quelques personnes âgées sont restées.

Une base militaire de Daesh

L’État islamique a imposé son régime de terreur, faisant de Karamlech une base importante pour sa lutte contre les combattants kurdes, les peshmergas, ainsi que les forces irakiennes. Ils ont creusé des tunnels pour se déplacer dans le village, passant également sous l’église de Saint-Joseph et le sanctuaire de Sainte Barbe (Mart Barbara). L’église de Saint-Adday a été incendiée, la sacristie détruite et le cimetière vandalisé. Les combattants de l’État islamique se sont installés dans les maisons du village, les reliant par des tunnels et des trous dans les murs. L’école maternelle a servi pour fabriquer des armes.

Le 24 octobre 2016, l’armée irakienne a libéré Karamlech. Avant de fuir, les militants de l’État islamique ont laissé des messages haineux partout, sur les portes et les murs. Tout avait été pillé ou détruit par l’État islamique, puis les frappes aériennes des forces la libération ont contribué à la destruction.

Scènes de destruction à Karamlech en 2019.

Reconstruction rapide

Rami a été le premier à retourner à Karamlech avec sa famille. Sans tarder, on a replacé les croix sur les dômes des principales églises. On a reconstruit les routes, les écoles et les églises. Peu de temps après, Rita aussi est revenue. Peu à peu, le village a retrouvé sa vie. Des magasins ont ouvert, y compris deux salons de coiffure et une boulangerie.

« Les gens d’ici sont très sympathiques et pacifiques. C’est pourquoi nous n’avons jamais soupçonné que quelque chose d’aussi terrible pourrait nous arriver. L’État islamique a transformé nos maisons en installations militaires. L’église de Sainte-Barbe a servi de leur quartier général », explique Rami.

En tout, près de la moitié des familles sont déjà rentrée. Mais Rami et Rita ont décidé de passer à l’étape suivante. Prenant leur courage à deux mains, ils ont réalisé ce qui semblait impossible sept ans auparavant, quand ils ont laissé tout tomber et pris la fuite, déplacés et forcés à recommencer à zéro. Ils ont choisi en effet de rester et de fonder une nouvelle famille. « Notre vie n’est pas sans risques, mais, quoi qu’il arrive, elle ne s’arrêtera pas. Nous devons aller de l’avant », explique Rami.

Premier mariage depuis 2014

Les deux jeunes ont été le premier couple à célébrer leur mariage au Centre chaldéen de Saint-Joseph. À cause de l’État islamique, le bâtiment avait été gravement endommagé : les toits, le système de ventilation, les installations sanitaires, l’électricité, la plomberie, la cuisine et le système téléphonique… tout était inutilisable. Des murs avaient été défoncés aux étages supérieurs afin de permettre aux djihadistes de faire feu en direction de la vaste plaine.

Grâce à l’aide des bienfaiteurs de l’AED, tout cela est « avant ». Rami et Rita ont pu inaugurer le centre de Saint-Joseph et célébrer leur mariage dans leur terre natale, qu’ils avaient perdue et qu’ils ont récupérée. Pendant la célébration, les toasts des jeunes et des vieux se sont mêlés aux danses traditionnelles du pays. Sept ans après l’occupation de Karamlech par la peur et la mort, la vie et l’espoir sont en train de prendre racine à nouveau. 

« Sur le mur de l’église, ils [les djihadistes] ont écrit : ‘Il n’y aura plus de christianisme en Irak.’ Mais ils n’ont pas réussi. Dieu merci, nous, catholiques irakiens, sommes de retour », se réjouit Rami.

Dans les rues de Karamlech, en 2016, alors que Daesh sévissait toujours.
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