Neuf ans après que des centaines de milliers de chrétiens ont été forcés de fuir leurs maisons en raison de l’occupation de l’État Islamique, les chrétiens oscillent entre espérance et inquiétude

Le nouveau centre pastoral financé par l’AED

Le 6 août 2014, le monde a regardé avec horreur les djihadistes de l’État Islamique fondre sur les plaines de Ninive, en Irak, forçant des centaines de milliers de chrétiens à fuir leurs terres ancestrales pour sauver leur vie.

Beaucoup de ceux qui ont réussi à s’échapper se sont dirigés vers la sécurité relative du Kurdistan irakien, s’installant principalement à Erbil, mais aussi dans d’autres grandes villes telles que Souleimaniye, Kirkouk et Dohouk. Après la défaite de l’État Islamique, certains sont retournés dans leurs villages, mais un nombre considérable d’entre eux ont choisi de rester dans ce qu’ils considèrent maintenant leurs nouvelles maisons.

Dohouk abrite actuellement environ 1 450 familles catholiques, ainsi que de nombreux chrétiens orthodoxes. La majorité des catholiques sont chaldéens, mais environ un tiers d’entre eux sont des syro-catholiques. Afin de mieux servir cette communauté, le diocèse a entrepris la construction d’un grand centre pastoral. Avec le soutien de l’AED, le centre pastoral a été achevé puis inauguré ce 8 juillet par l’actuel évêque, Mgr Azad Shaba, responsable du diocèse depuis 2021.

Inauguration le 8 juillet 2023

Le rez-de-chaussée de ce nouveau bâtiment à trois étages sera consacré aux activités diocésaines telles que Radio Marie, un centre d’écoute, la fraternité Mère Teresa pour les pauvres et les malades, un musée, des archives et d’autres services, tandis que le premier étage dispose de salles qui accueilleront les activités de l’Institut d’éducation chrétienne, l’école diocésaine et d’autres activités. Le deuxième étage sera une résidence permanente pour l’évêque et onze prêtres.

Pour beaucoup de ceux qui ont été contraints de fuir pour s’installer à Dohouk il y a neuf ans, le nouveau centre pastoral est un signe de grande espérance pour un avenir meilleur.

Inquiétude de la communauté chaldéenne

Dans un communiqué du 15 juillet, le Cardinal Louis Raphael Ier Sako, patriarche des chaldéens, avait réagi suite à la décision du Président irakien Abdul Latif Rashid de révoquer la déclaration de son prédécesseur le reconnaissant comme Patriarche de l’Église catholique chaldéenne.  

Mgr Sako, Patriarche des Chaldéens

Dans un récent entretien accordé à l’AED, le Patriarche a déclaré que l’annulation du décret faisait partie d’une campagne politique visant à le réduire au silence, à le rendre impuissant et à prendre le contrôle des églises et autres bâtiments chaldéens.

Le chef chaldéen, qui affirme que ses fidèles représentent 80% des chrétiens en Irak, a confirmé : « L’annulation du décret est une très mauvaise chose. Pendant 15 siècles, il y a eu des décrets reconnaissant le Patriarche comme chef de l’Église et administrateur des biens de l’Église. Le révoquer est une humiliation pour l’Église. Ceux qui sont derrière cette mesure veulent mettre la main sur les propriétés de l’Église et les administrer indépendamment des autorités ecclésiastiques. Nous ne pouvons pas accepter cela ».

Le Patriarche qui, le mois dernier, a quitté son siège patriarcal de Baghdad pour Erbil, dans le nord kurde de l’Irak, a déclaré qu’il avait déposé plainte auprès de la Cour suprême au sujet de l’annulation du décret : « Sans ce décret, je n’ai aucun droit au regard de l’État. C’est comme me tuer en termes d’autorité morale. C’est une offense ».

Le Patriarche Sako a accusé les politiciens et les milices d’être impliqués dans une campagne d’intimidation contre lui, de s’emparer des maisons de chrétiens et de conspirer pour prendre le contrôle des biens de l’Église. Il a déclaré : « Ces politiciens veulent me faire taire et m’empêcher de défendre les droits de l’homme et la dignité des êtres humains ».

Le prélat demande qu’un nouveau décret soit mis en œuvre en utilisant une formulation légèrement différente, tout en rétablissant de fait les termes de l’ancien décret et en lui accordant une reconnaissance officielle ainsi qu’aux autres patriarches. Il a appelé les chefs de l’Église, les gouvernements, les politiciens et les autres influenceurs du monde entier à soutenir les appels en faveur d’un nouveau décret.

Le Patriarche a déclaré : « J’ai reçu beaucoup, beaucoup de déclarations de solidarité de la part de nombreux musulmans ainsi que de chrétiens ». Le Patriarche s’est dit encouragé par les manifestations de soutien des fidèles en Irak qui, tant à Erbil que dans les plaines de Ninive, ont organisé des manifestations contre l’annulation du décret.

Il a ajouté : « Les chrétiens en Irak savent qu’ils ne peuvent pas être achetés. Ils ont leur propre dignité, leurs droits, comme n’importe qui d’autre ».

Felipe d’Avillez et John Pontifex

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