En quatre générations, les cathédrales sont sorties de terre, dans un mouvement collectif inouï, donnant naissance à « l’art français », que l’on qualifiera par la suite de « gothique » par dérision. Patrick Sbalchiero, auteur de « Des hommes pour l’éternité » revient sur cette étonnante épopée en multipliant les points de vue sur ces ouvrages médiévaux.

Les cathédrales aux ogives caractéristiques, qui parsèment la France, font si bien partie du paysage que l’on pourrait oublier à quel point elles sont un évènement unique dans l’Histoire. À partir des années 1050, empruntant à diverses influences, elles ont donné à la postérité un témoignage de l’habileté, mais surtout de la foi des médiévaux.

Neuf contemporains des cathédrales racontent 

Patrick Sbalchiero, docteur en histoire et auteur, s’est adonné à un procédé de science-fiction pour faire entrer les lecteurs dans son monde d’érudit médiéviste. Si, dans un grenier poussiéreux l’on retrouvait les correspondances d’observateurs privilégiés de l’émergence des cathédrales ? Puisque c’est lui qui tient la plume, il s’est octroyé les témoignages de neuf contemporains des bâtisseurs de cathédrales triés sur le volet ! Il a convoqué avec la même facilité Suger, simple moine, Florence l’aubergiste que Marguerite de Provence, reine de France, voire Charles VI « le Fol » lui-même ! Le procédé pourrait faire sourire, mais il permet d’observer ces constructions, encore engoncées dans leurs échafaudages, de plusieurs angles, chacun révélant une manière différente de prendre la lumière.

La lumière de « l’art français »

Or, il est beaucoup question de lumière dans cette épopée de « l’art français », ce n’est pas Gherlac, le maître verrier – convoqué lui aussi par l’auteur – qui en disconviendrait ! En élaborant des structures plus hautes et audacieuses, la cathédrale consacre « la défaite de la pierre au profit de la lumière » détaille Patrick Sbalchiero. Les bâtisseurs rivalisaient d’habileté pour faire disparaître la lourdeur de l’édifice, à l’inverse des constructions antiques imposantes, ils sculptaient la pierre jusqu’à en faire de la dentelle. Pour mettre en valeur la lumière, assimilée par les médiévaux à Dieu, qui éclaire l’édifice. Résumant l’élan des bâtisseurs, le moine Suger écrit : « Si l’œuvre est étincelante, cet éclat doit illuminer les âmes pour les conduire, par ces lumières réelles, à la vraie lumière dont le Christ est la vraie porte… ».

Aucun fondateur de cathédrale n’a vu son chantier achevé. Ils ne faisaient que le début du chemin, donnaient l’impulsion, bien conscient de ne pas être à la hauteur de la construction qu’ils entamaient. Ils n’ont pas construit pour eux même, mais laissé pour les générations suivantes un témoignage durable, avant de rejoindre l’éternité.

Des hommes pour l’éternité. L’incroyable épopée des bâtisseurs de cathédrales Patrick Sbalchiero, éditions Artège. 222 pages, 2020, 16,90€

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