Des chrétiens figurent parmi les victimes de l’attaque terroriste la plus sanglante depuis le début des violences islamistes. Pour autant, les Burkinabés poursuivent le dialogue interreligieux.

Environ 160 morts dans l’attaque de Solhan au nord-est du pays

Après le massacre le plus meurtrier jamais commis depuis le début des violences islamistes au Burkina Faso, la crainte d’autres attaques est grande parmi la population de ce pays d’Afrique occidentale, toutes religions confondues. C’est ce qu’a souligné Mgr Laurent Dabiré, évêque catholique de Dori, dans un entretien mené mardi avec la fondation pontificale internationale Aide à l’Église en Détresse (AED). Selon les propres termes de l’évêque, « les gens sont sans voix. En particulier ceux qui vivent dans la région concernée du Sahel se demandent : Qui sera la prochaine cible ? La réaction des catholiques n’est ici aucunement différente de celle des autres Burkinabés. Ils n’étaient d’ailleurs pas directement visés. Les massacreurs n’ont fait aucune différence entre l’ethnie, le sexe ou la religion », affirme l’évêque.

Quatre chrétiens parmi les dizaines de victimes

Mgr Laurent Dabiré, diocèse de Dori.

Dans la nuit de vendredi à samedi, une attaque terroriste probablement menée par des groupes islamistes a coûté la vie à plus d’une centaine de personnes, massacrées dans la localité de Solhan, dans l’est du pays. Selon l’évêque, le nombre exact de victimes n’a pas encore été déterminé, mais les médias font état de 100 à 170 victimes. « Parmi eux figurent quatre chrétiens », a précisé l’évêque qui ajoute qu’il y a une communauté chrétienne vivante sur le site de l’attaque de Solhan. Toutefois, avant même l’attaque, de nombreux chrétiens avaient pris la fuite à cause de la situation sécuritaire de plus en plus instable. « La peur gagne les chrétiens comme d’ailleurs toutes les autres personnes concernées au Burkina Faso. Cependant, étant chrétiens, ils ont une raison supplémentaire d’avoir peur d’un islam imposé. Ils peuvent perdre leur liberté de culte, et même leur vie », explique Mgr Dabiré.

L’identité des meurtriers reste encore incertaine, affirme l’évêque. « On ne sait pas exactement qui a attaqué et pourquoi. Mais l’hypothèse la plus plausible est qu’il s’agit des groupements armés qui sévissent dans le pays depuis 2015. C’est une autre de leurs atrocités et leur façon de montrer leur force et de faire parler d’eux. » Depuis plusieurs années, des terroristes islamistes concentrent leurs attaques sur les régions du nord et de l’est du Burkina Faso. « Le Burkina est devenu une cible. Nous sommes voisins du Mali et du Niger, où il existe des problèmes similaires. Les attaques suivent la logique de la conquête. »

Selon Mgr Dabiré, il n’y a cependant aucun problème au Burkina entre les chrétiens et les musulmans ou les autres religions. « Le pays est attaqué par différents groupes qui utilisent l’islam comme moyen de propagande ou de mobilisation. L’islam des groupes armés n’est pas l’islam de nos frères. Les musulmans du Burkina sont eux-mêmes pris pour cibles », affirme l’évêque.

Environ un million de personnes ont fui l’insécurité.

« Rien ne s’oppose à une intensification du dialogue interreligieux. »

Selon lui, rien ne s’oppose donc à une poursuite et même à une intensification du dialogue interreligieux entre chrétiens et musulmans. « Nous devons espérer que le dialogue des religions puisse contribuer à résoudre les problèmes du pays. Dans ce contexte, je pense surtout à la question des réfugiés. » À cause de la terreur islamiste, le nombre de personnes déplacées ne cesse de s’accroître. « En particulier au cours des deux derniers mois, le nombre de déplacés a augmenté à cause de la reprise des attaques qui ont fait de nombreuses victimes », explique l’évêque.

Au Burkina Faso, les groupes terroristes islamistes sévissent depuis 2015. Selon le rapport sur la liberté religieuse de l’AED, le pays est devenu l’une des zones d’opérations majeures du djihadisme militant en Afrique. Dans le même temps, le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays a augmenté pour atteindre environ un million. À peu près 55% de la population, donc un peu plus de la majorité des Burkinabés, sont musulmans, tandis qu’environ 24% sont chrétiens. Le reste de la population pratique des religions traditionnelles.

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