L’attentat suicide contre la cathédrale de Makassar rappelle aux chrétiens indonésiens que la Semaine Sainte est prisée par les terroristes. Pour autant, ils ne renonceront pas à célébrer Pâques.

Matin du 28 mars 2021.

« Personne n’a été tué au sein de notre communauté, et il n’y a pas eu de blessés graves », se réjouit le Père Wilhelminus Tulak, qui travaille à la cathédrale du Sacré-Cœur de Makassar. En raison des restrictions imposées par l’épidémie de Coronavirus, le nombre de fidèles n’était pas aussi élevé que d’habitude. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles les seuls morts sont les deux assassins. Selon les médias, au moins 20 personnes ont été blessées.

Le service de sécurité a empêché le pire

Les agents de sécurité, qui surveillent les portes à chaque messe, ont empêché que quelque chose de pire ne se produise, rapporte le Père Tulak : « Un agent de sécurité a observé deux personnes qui essayaient de pénétrer dans l’enceinte de l’église à moto. Une femme était assise à l’arrière. Elle portait des vêtements noirs et son visage était voilé. L’agent de sécurité a trouvé cela étrange et il les a empêchés de rentrer dans l’enceinte. Juste après, il y a eu une explosion ».

Peu de temps après l’attentat, la police indonésienne a annoncé que les deux assassins appartenaient au groupe terroriste « Jamaah Ansharut Daulah » (JAD), considéré comme une branche locale de l’État Islamique. Il s’agit là « d’un petit groupe marginal qui semble impossible à éradiquer bien que la police anti-terroriste indonésienne les traque partout », a déclaré à l’AED le père jésuite d’origine allemande, Franz Magnis-Suseno. Agé de 84 ans, le Père Suseno a enseigné dans différentes universités indonésiennes et est considéré comme un excellent connaisseur du pays et de sa situation religieuse. « Ma première impression après l’attentat a été : encore une fois ? Mais je n’ai pas été surpris », a déclaré le jésuite. « Nous allons devoir vivre en Indonésie avec des attaques terroristes sporadiques ». C’est particulièrement le cas dans la province de Sulawesi du Sud, qui est un « bastion de l’islam extrémiste ».

Père Wilhelminus Tulak

Multiplication de courants islamistes

En Indonésie, la plus grande nation musulmane au monde, la coexistence des religions était considérée comme largement pacifique, de nombreux musulmans suivant les courants sunnites modérés. Selon le rapport de l’AED sur la liberté religieuse dans le monde, les courants islamistes conservateurs et parfois violents se sont récemment multipliés, en particulier après la victoire militaire sur les milices de l’État Islamique en Syrie et en Irak. Mais le Père Magnis-Suseno tempère : « En Indonésie, la majorité des musulmans ultraconservateurs ne soutiennent pas le terrorisme ». En outre, a-t-il souligné, les plus grandes organisations musulmanes du pays, le Ministre de la religion et le Président indonésien, Joko Widodo, ont condamné « rapidement et sévèrement » ce récent attentat.

Dans de nombreuses localités d’Indonésie, la milice de l’organisation islamique « Nadlatul Ulama » a pris en charge la protection des offices de Pâques. Ils se dérouleront dans la sécurité, résume le jésuite en disant : « La réaction après l’attentat est modérée, sans panique ».

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